La peur du Covid-19 et son incompréhension incitent les habitants de nombreuses régions du pays à engager de violentes réactions de protestation. Ainsi, ils ont refusé d’enterrer les victimes du Covid-19 dans les cimetières voisins. Ces réactions évoluaient même en affrontements avec les forces sécuritaires à Bizerte. Telles sont les constatations du dernier rapport du FTDES.
Ainsi, l’Observatoire social tunisien relevant du Forum tunisien des droits économiques et sociaux – FTDES revient sur le mois de mars 2020. Et malgré la situation épidémiologique exceptionnelle, la carte sociale de la contestation n’a pas été modifiée. Bien au contraire, elle s’est établie et confirmée.
La situation « a révélé à nouveau que les rapports mensuels publiés par le FTDES sont le véritable thermomètre de la situation sociale, économique, sanitaire et environnementale. Et ce, dans les différents gouvernorats de la République », souligne le FTDES.
Mouvements sociaux et tentatives de suicide
Selon le même rapport, les 24 gouvernorats de la République ont vécu dans le sillage de mouvements de protestation sociale. Mais avec chacun une cartographie et des formes différentes.
Comme dans les rapports précédents du FTDES, le gouvernorat de Kairouan se maintient au premier rang des régions connues pour avoir le plus de revendications sociales. Ce gouvernorat a enregistré 47 mouvements sociaux. Plus de la moitié revêtait une forme instantanée.
Puis, lui emboîte le pas le gouvernorat de Sidi Bouzid avec 34 mouvements, dont 73,5% ont pris un caractère violent. Puis le gouvernorat de Jendouba avec 29 mouvements dont 22 ayant un caractère violent. Ce qui représente près de 76% du total.
En troisième place, se trouve le gouvernorat de Gafsa avec 28 protestations. Ensuite, chacun des gouvernorats de Tunis et de Tataouine, avec 11 mouvements, Médenine et Sousse avec neuf mouvements protestataires. Suivis de Bizerte et Kasserine avec huit mouvements de protestation.
Par ailleurs, la majorité des cas de suicide et de tentatives de suicide relevés tout au long du mois de mars 2020 ont été enregistrés à Kairouan et Sidi Bouzid. Et ce, avec un niveau de trois cas dans chaque région. Suivent les gouvernorats de Sousse, Gabès et Ariana avec deux cas respectivement. Enfin, un seul cas a été enregistré dans les gouvernorats de Béja, Médenine et Tozeur.
Échec des politiques sociales et mauvaise gestion sociale
L’Observatoire a tenu à rappeler dans son rapport que les franges sociales les plus vulnérables représentaient le plus grand titre des mouvements sociaux durant ce même mois. « Ce constat a révélé à nouveau l’échec des politiques sociales et la mauvaise gestion régionale et centrale pour y faire face ». C’est ce qu’ajoute l’Observatoire.
En effet, la plupart des gouvernorats ont vécu des rassemblements des groupes les plus démunis devant le siège des délégations et des gouvernorats. Et ce, à un moment où la priorité du confinement global est d’empêcher les rassemblements, de mettre en danger la santé du collectif et de bloquer la propagation du Coronavirus. « Sans aucun doute, la crise économique prédite par tous les chercheurs en économie touchera ces groupes plus que d’autres », s’alarme le FTDES.
Et de conclure que les familles nécessiteuses et à revenus limités se développeront encore au cours de la période à venir. Et ce, en regroupant une partie importante de ceux qui avaient des petites professions et des artisanats et dont l’activité a été suspendue (environ 800 000 personnes).