Selon le directeur du Centre Arabe de Recherches et d’Analyses Politiques et Sociales (Caraps) de Genève, Riadh Sidaoui, la pandémie Covid-19 a dévoilé l’égoïsme des gouvernements occidentaux. Analyse pour leconomistemaghrebin.com.
Pour lui, la crise du covid-19 est surtout une crise éthique. A titre d’exemple, la Tchéquie a détourné un avion transportant des bavettes et produits médicaux. Alors que la destination de l’avion était l’Italie qui est le pays européen le plus touché par la pandémie. De même, selon des médias français, les États-Unis d’Amérique ont racheté toute la cargaison de bavettes et de médicaments transportée par un avion chinois vers l’Italie.
Ainsi, l’avion a changé de destination. « C’est décevant et triste que ces pays ne pensent qu’à leurs intérêts. Par ailleurs, l’Italie regarde maintenant son appartenance à l’Union européenne autrement. « Plusieurs italiens ont brûlé les drapeaux de l’Union européenne et portent ceux de la Chine et la Russie », rappelle-t-il.
Qui aurait cru qu’un simple masque et/ou bavette a toute cette importance ?! s’interroge-t-il. « Même en Suisse, il n’en existe plus », affirme-t-il. « Qui aurait cru que les masques de protection seraient un objet de conflit entre différentes nations ?», lance-t-il. Pour notre interlocuteur, le monde fait face à un événement majeur qui va changer les données géostratégiques. Ainsi, il soutient que la pandémie Covid-19 s’inscrit dans le même cadre des événements qui ont changé le monde : la Révolution française, les Première et Seconde Guerres mondiales, la Guerre froide, l’effondrement de l’Union soviétique, et autres événements.
Changements fondamentaux dans le monde
Tout en affirmant la survenue de changements fondamentaux dans le monde. Toutefois, il estime que nul ne peut identifier la nature des prochains événements. « Une chose est sûre la Chine est la nouvelle puisssance mondiale », affirme-t-il.
Par ailleurs, il soutient que la pandémie est un coup dur au néolibéralisme et au capitalisme sauvage occidentaux à cause de plusieurs partis politiques de droite dans ces gouvernements. Et de poursuivre que ces gouvernements ont opté de revoir à la baisse les budgets alloués à la santé et les droits socio-économiques. Contrairement à l’Allemagne qui dispose de 28 mille lits de réanimation et l’Italie environ 6000 lits. Donc des pays européens ont choisi de ne pas investir dans la santé publique.
Les mouvements sociaux à l’arrêt
La crise a dévoilé la discipline des Japonais et des Suisses, contre la pandémie. « Alors que les peuples arabes n’appliquent pas facilement les mesures décrétées. Ce qui impose l’intervention de l’armée pour faire régner la loi », continue-t-il. A l’échelle sociale, la pandémie a stoppé les mouvements sociaux dans tous les pays sans exception. Au volet économique, la pandémie est un coup dur à tous les secteurs qui reposent sur le transport à l’instar de l’exportation et le tourisme.
Le secteur financier a subi un coup dur. Et ce, étant donné que tous les actionnaires vendent leurs actions. « En cas de l’effondrement des bourses majeures on se rendra compte que le régime capitaliste est précaire », analyse-t-il. La différence avec la Chine consiste au fait qu’elle exerce le capitalisme de l’Etat. Autrement dit, l’Etat impose ses règles sur le marché. Et ce, contre le capitalisme occidental où l’Etat n’intervient pas.
Il n’écarte pas la possibilité d’une crise alimentaire dans le monde. Cette crise sera déclenchée par la demande excessive et l’impossibilité du transport des marchandises. A cela s’ajoute la fermeture des frontières. Dans cette perspective, il plaide pour l’Etat nation qui doit intervenir au profit de son peuple. Il cite l’exemple de la Suisse. Ce pays subventionne le secteur agricole. Et ce, malgré ses pertes successives. « Il est temps de repenser le capitalisme et ses impacts sur le monde moderne », lance-t-il.
Le coronavirus (covid-19) a engendré des changements à l’échelle mondiale. Par exemple, l’Europe n’est plus la même (rues désertes, citoyens confinés, fermeture des établissements universitaires et scolaires).
Ce virus parti de Chine, a déferlé sur l’Europe. Puis sur les États-Unis d’Amérique. Les grandes nations se sont vu dans l’obligation d’acheter les bavettes de la Chine. Dans le même contexte, il avance que le gouvernement français n’a pas voulu subventionner une usine pour la fabrication des bavettes. Elle a fini par fermer en 2018. Toute l’Europe et même les États-Unis se sont tournés vers la Chine. Afin d’ acquérir les bavettes. Et pour cette raison la Chine devient l’usine mondiale. Déduit-il.
Quant à l’origine du virus, le spécialiste rappelle que certains évoquent la possibilité d’un virus fabriqué dans les laboratoires chinois. Quant à d’autres, ils soutiennent que le virus est d’origine américaine. Dans tous les cas de figure, tout le monde a subi les répercussions de la pandémie, rappelle-t-il. « Pauvre, riche, prince ou président, personne n’a été épargné par le Covid-19 ».