Une fois de plus, le Parlement continue de faire des siennes. A force de vouloir faire passer en urgence une convention entre la Tunisie, la Turquie et le Qatar, il y a de quoi se poser des questions. Que cachent ces conventions ?
Moez Joudi, expert en gouvernance revient sur la convention du Qatar dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com. Il précise dans ce contexte: « Cette convention a été signée entre la partie qatarie et le gouvernement Chahed en juin 2019 et qui sera ratifiée prochainement par l’ARP, il y a de quoi s’interroger sur la nature de cette convention ».
Selon lui, plusieurs interrogations demeurent sans réponses. Pourquoi donc, on n’entend parler de ces conventions que récemment ? Alors qu’elle a été signée en juin 2019. En somme, la seule explication d’après lui, est l’absence de communication du gouvernement durant cette période.
Moez Joudi estime que le but de la convention du fonds d’investissement Qatari en Tunisie est uniquement lucratif. Il précise que les avantages qui lui seront accordés sont inimaginables. En clair, il explique que ce fonds sera exonéré d’impôts et de taxes. Ce qui veut dire, il peut importer ce qu’il veut pour gagner de l’argent, transférer ses bénéfices sans aucun contrôle. Il peut même collaborer avec des parties étrangères sans avoir à être interrogé.
Il ajoute: « Il s’agit d’une marge de manœuvre assez conséquente. D’ailleurs, la question de la souveraineté nationale est à se poser. Il est vrai qu’il faut encourager l’investissement en Tunisie, mais pas au point de se défaire de tout contrôle. Pourquoi spécialement ce fonds, et pas un fonds danois ou suédois ? Si une telle convention est signée et un tel fonds voit le jour, sans aucun contrôle et sans aucune autorisation, la Tunisie deviendrait ainsi un paradis fiscal . Et rappelez-vous ce qui s’est passé avec le GAFI. Or un contrôle de l’Etat est nécessaire ».
Quid de la situation économique ?
Aujourd’hui, des sujets plus importants auraient dû être débattus. Notamment sur le plan économique, où tout le monde se trouve désappointé. Car à ce jour, on ignore comment on va relancer l’économie ou encore si on va connaître le même sort que le scénario grec ?
A cette interrogation, Moez Joudi a répondu: « Il faut dire qu’avant le Covid-19, nous étions dans une situation économique tendue. Avec la pandémie, tout est devenu si compliqué. Je pense qu’il faut voir ce qui se passe ailleurs, et comparer. Essayons de voir comment la France, l’Allemagne, les États-Unis ont réussi à sortir de la crise. Contrairement à nous, pour qui la crise a été mal gérée.
Et de poursuivre : » Prenons l’exemple des PME, vous savez très bien que le gouvernement a imposé l’arrêt des PME ainsi que les petites entreprises. On leur a promis qu’une commission se chargera de les accompagner. Sans oublier que chaque fois qu’il y a commission cela signifie lourdeur bureaucratique ».
Autre élément pour lequel le gouvernement n’a pas réagi aussi vite, rappelle Moez Joudi, c’est l’absence des tests massifs.
Enfin, il conclut: « A mon avis, les répercussions seront de taille. Mais l’urgence d’aujourd’hui est de rebondir après la crise. Car il y a avant le Covid et après le Covid ».