Le but de cette deuxième partie d’un article sur « Le stockage des hydrocarbures, dans le monde », est de présenter aux décideurs, ainsi qu’à nos concitoyens
les opportunités pour la Tunisie.
les opportunités pour la Tunisie.
En effet, la Tunisie ne dispose que de stockage aérien d’environ deux mois de consommation. Ils sont réservés essentiellement aux hydrocarbures raffinés. Car, la Tunisie n’est pas encore équipée en stockage souterrain des hydrocarbures.
Ainsi, des études géologiques et géophysiques approfondies, seront nécessaires pour identifier des sites susceptibles d’être utilisés pour le stockage du pétrole, du gaz, ainsi que des produits pétroliers. Et ce, tout en garantissant la sécurité, le respect de l’environnement et la profitabilité économique. On peut néanmoins indiquer quelques sites géologiques potentiels. Ils méritent un certain intérêt.
L’aquifère de la structure pétrolifère de Douleb
A cet égard, la structure de Douleb, situé à environ 30 km de Sbeitla, est un anticlinal faillé (Fig.5). Du gaz et du pétrole y furent découverts en 1967, dans deux réservoirs calcaire (en bleu au top de la Fig.6), dolomitique (en violet) et mis en production dès 1968.
Déjà, le réservoir dolomitique d’excellente qualité, continue de produire un fluide à 95% d’eau et 5% de pétrole. Il pourra plus tard, quand le pétrole sera « épuisé », servir pour le stockage de pétrole ou de gaz.
Ensuite, un troisième réservoir, le « BedBarS », découvert en 2004, continue de produire du pétrole. Il pourra ultérieurement constituer une couche de stockage supplémentaire. Ce qui est intéressant c’est que ce gisement renferme aussi une couche épaisse, gréseuse (sable consolidé), le « Sidi Aich » (en jaune au fond du log sur la Fig.6), de bonne qualité; et contient un aquifère d’eau salée à environ 20 g/l. Ce réservoir serait un candidat possible pour le stockage en profondeur du pétrole ou du gaz.
En outre, d’autres gisements de gaz, soit épuisés (Jebel Abderrahmane au Cap Bon), soit encore non développés, constituent aussi des sites potentiels pour le stockage du gaz à forte pression. Car ils renferment du gaz à faible profondeur et à faible pression (Oued Bahloul).
Les structures salifères
Par ailleurs, les dômes de sel existent dans de nombreux sites en Tunisie centrale et du nord. Si certaines structures salifères affleurent en surface. Et sont difficiles à bien définir en profondeur par la sismique. D’autres ont été reconnues par forage. Leurs extensions en profondeur sont bien délimitées. C’est le cas de certains dômes salifères localisés dans le Sahel, ou en Tunisie centrale (Fig.7 & 8).
Par exemple, sur la structure de Rohia (Fig.8), un forage a traversé environ 1500m de sel et d’autres roches évaporitiques. Et ce, sans avoir atteint les roches situées à sa base, objectifs du forage. Ces dômes de sel, peuvent donc faire l’objet de création de cavités de dissolution importantes pour le stockage d’hydrocarbures liquides ou gazeux.
Encore d’autres structures salifères, plus proches de Tunis, telles que la structure forée par le puits Medjerda1, ou des cavités minières abandonnées existent aussi en Tunisie. Mais il ressort du cadre de cet article de les détailler.
Le stockage souterrain est nettement moins coûteux
Cependant, différents types de stockage existent. De nombreux exemples de stockage souterrain de gaz naturel et d’hydrocarbures liquides ou liquéfiés sont présents dans le monde, et pratiquement dans tous les pays développés.
De même, d’autres produits chimiques, ou gazeux tels que de l’hydrogène, du gaz carbonique, peuvent aussi faire l’objet de stockage souterrain. Leur nombre n’a cessé de croître depuis le début du dernier siècle. On dispose donc à l’heure actuelle d’un retour d’expérience important sur les différents aspects technologiques, environnementaux et socio-économiques du stockage souterrain. Ceci peut être utilement mis à profit dans le contexte du stockage souterrain profond en Tunisie. Et ce, là où de nombreux sites existent et dont on a dénombré quelques uns.
De ce fait, une étude multidisciplinaire devrait donc être engagée. Et ce, en vue de définir les projets les plus attrayants, pour garantir au pays des réserves stratégiques. Celle-ci peuvent nous mettre à l’abri des fluctuations du prix du pétrole et du gaz. De même que des aléas d’approvisionnement de nos fournisseurs, en particulier pour le gaz. Notons que le fait d’avoir un seul fournisseur de gaz naturel qui constitue 97% de notre production d’électricité, n’est pas une situation « confortable ».
De plus, ces stockages souterrains permettront de mieux faire face aux variations de la consommation saisonnière. Et de servir comme complément aux énergies renouvelables. Quand celles-ci ne sont pas disponibles (difficulté de stockage des énergies solaires et éoliennes).
Au final, au niveau des coûts et de la rentabilité, tout laisse à penser que le stockage souterrain est nettement moins coûteux. Il est plus profitable que le stockage aérien.