Cela fait neuf ans que le paysage politique passe par des hauts et des bas. Une instabilité politique semble perdurer, mais verra-t-on le bout de tunnel ? Aujourd’hui,on est de plus en plus face à la médiocrité. Mehdi Ghazzai, consultant en communication donne son point de vue sur ce qui se passe dans une interview accordée à leconomistemaghrebin. com
-Comment expliquer cette médiocrité régnante du paysage politique et médiatique?
Ceci s’explique par le fait qu’on a enlevé au discours politique sa fonction première: la politique. La parole politique, par sa rhétorique, par son argumentation, par ses mots, a vocation à discuter de projets de sociétés, de visions politiques et des lois.
Or, on entend rarement les hommes et les femmes politiques dans les médias discuter de réformes ou d’un agenda politique. Malheureusement, la parole politique dans nos médias est essentiellement utilisée pour des attaques personnelles (Ad Personam) sans qu’elle ne soit recadrée par les journalistes.
Et c’est pour cette raison qu’il faudrait former les décideurs et les députés à la communication politique et à la maîtrise de la rhétorique, que ce soit à l’assemblée, dans les médias ou même sur les réseaux sociaux.
Cependant, dans une démocratie, les citoyens doivent pouvoir décrypter le discours du politique afin de pouvoir s’en faire une idée claire et critique. Et donc, il ne suffit pas de former seulement les politiques, mais tout l’écosystème aux alentours, et notamment, les journalistes.
« On traite l’invité politique comme une star du showbiz »
Que l’on parle des interviews des différents chefs de gouvernement ou des Présidents proposés lors des grands rendez-vous sur la Watanya, ou de simples émissions politiques à la radio, le maillon le plus faible reste le journaliste. On traite l’invité politique comme une star du showbiz, le laissant souvent en roue libre sans pouvoir le reprendre ou faire du fact-checking ou le contre argumenter. Attention, je ne parle pas de tous les journalistes, car certains font un excellent travail et contribuent à améliorer le paysage politico-médiatique.
-De l’ANC à L’ARP, peut- on parler d’une amélioration ?
Le parlement n’est pas ce que l’on voit toujours dans ses aspects les plus conflictuels et ses clashs. Il faut rendre à César ce qui est à César, dans le quotidien de l’ARP c’est beaucoup plus de discussions sereines et des débats de fonds qu’au temps de l’ANC.
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J’invite tous les citoyens à suivre les débats parlementaires quotidiens sur Watanya 2, quand ils reprendront, car le débat d’idées y est souvent intéressant. Je les invite également à s’engager avec la société civile pour aider au plaidoyer de quelques réformes et vous verrez que beaucoup de députés sont très à l’écoute des citoyens et travaillent en étroite collaboration avec les associations.