La pièce de Théâtre à succès » Doukhalè » ou Les intrus », une création de Hatem Karoui, mettant en scène Akil Kolsi, Mehdi Mahjoub et Helmi Ben Ali, est visionnable à travers la plate-forme Artify. Akil Kolsi nous a entretenus sur les conditions de la culture durant la période du confinement. Interview:
Aujourd’hui, on peut visionner la pièce de Théâtre « Dokhala » ( Les intrus) chez soi. Comment l’idée vous est-elle venue ?
Akil Kolsi : Dans des conditions aussi spéciales , il faut faire preuve d’ingéniosité. On n’a pas réinventé la roue non plus . A vrai dire tous les quatre, Hatem Karoui auteur et metteur en scène , Mehdi Mahjoub , Helmi Ben Ali et moi-même comptions rejouer la pièce. Avec la Covid il fallait faire quelque chose.
C’est le théâtre qui s’invite chez le public
Or en discutant , on a opté de mettre la pièce en ligne gratuitement sur une plateforme en vogue, en l’occurrence Artify , que je remercie à l’occasion pour leur collaboration et leur professionnalisme . Nous voulions surtout toucher un public plus large que les » habitués ». C’est pour cela que nous n’ avons pas choisi YouTube par exemple. C’est le théâtre qui s’invite chez le public pour arracher une part de l’audience et aussi nous voulions avoir de vrais feedbacks avant de redonner éventuellement une nouvelle vie à notre spectacle, après le confinement.
Avec la Covid, le monde s’est adapté à la technologie de pointe. Tout se fait via le Net, les visites virtuelles des musées, etc.. Aujourd’hui, on voit bien que la culture elle aussi s’est adaptée, qu’en pensez-vous ?
Akil Kolsi : Forcément, comme dans d’autres domaines. Sinon elle serait plus marginalisée encore qu’elle ne l’est déjà. C’est pourquoi, tous les moyens sont bons et légitimes pour la diffuser et la rendre accessible à tous. Sans toutefois tomber dans la facilité. La mise en ligne gratuitement sur une plateforme est l’une des solutions dans les conditions actuelles.
La première « Les intrus » a eu un grand succès à El Teatro, un templin. Quelle est donc la botte secrète de cette réussite?
Il n’y a pas vraiment de mystère , sinon la passion et le plaisir d’être sur scène et l’amitié qui nous réunit. Après tout, nous sommes des » intrus » pour certains ! Le théâtre n’est pas notre gagne-pain . C’est la première expérience de Hatem dans la mise en scène pour le théâtre. Il nous a réunis autour de ce projet de partage sans pression ni contrainte , mais avec beaucoup de rigueur et de discipline et surtout de respect pour la scène et le public. Une énergie positive s’est installée naturellement et le succès est là . D’ailleurs, nous gardons toutefois les pieds sur terre et nous nous remettons en question et écoutons toutes les critiques car la marge de perfectionnement est sans limites.
La magie du théâtre
Il y a un avant et un après Covid, comment voyez-vous l’avenir du théâtre?
Comme vous le dites, il y a certainement l’avant et l’après Covid. Personnellement, je ne m’attends à des changements spectaculaires , mais tout le monde a eu l’opportunité de faire de l’introspection, de chercher de réfléchir, lire , regarder des films, cuisiner des plats ou faire du sport. Le théâtre possède la spécificité d’être un art d’interaction avec le public , qui en est une composante essentielle. Aucune représentation ne ressemble à une autre. Et c’est ça la magie du théâtre. Mettre une pièce de théâtre en ligne à la disposition du spectateur c’est un acte militant, je ne dirais pas héroïque, mais de résistance à l’envahissement des autres médias. Et c’est une incitation à un public devenu paresseux à aller au théâtre. Des dispositions sanitaires et spéciales s’imposent, dorénavant, dans les salles de spectacles pour la sécurité de tous.
Pour ceux ou celles qui ne l’ont pas encore vue, vous trouverez ci-dessous le synopsis de la pièce. Cela vaut vraiment le détour:
Le synopsis
« Trois intrus tentent de monter sur scène clandestinement mais ils se retrouvent nez à nez avec le gardien du temple …et c’est de là que tout va commencer ». Voilà, le décor est planté ! Cette pièce drôle et burlesque traite d’un sujet qui a suscité beaucoup de polémiques ces dernières années en Tunisie : qui a le droit de monter sur scène ? Qui peut se proclamer artiste ? Comment devient-on artiste ? Avec une carte professionnelle ? Ou avec des followers sur les réseaux sociaux ? Est-ce que la passion et la fraîcheur pourraient être des moteurs suffisamment puissants pour que des intrus puissent exceller dans ce domaine ? Et d’une manière plus globale, cette pièce pose de manière ironique la problématique du corporatisme. Poussé à l’extrême en l’absence d’un pouvoir central fort. Aussi, l’idée du pur et de l’impur est soulevée dans cette pièce. Qui tire sur tout ce qui bouge, et a fortiori, sur les prétendus « intrus » eux-mêmes. »
Un seul conseil, à voir absolument !