Le Chef de l’Etat a marqué des points en montrant notamment qu’au niveau des structures de l’Etat, et au niveau le plus haut, les doléances de notre communauté à l’étranger, qui compte près de 10% de la population, sont écoutées. Car elle a toujours constitué une composante du tissu national.
Disons-le d’abord clairement: le département des Affaires étrangères n’a rien à voir, du moins directement, avec les augmentations des tarifs consulaires. Lesquels ont été en grande partie au centre de l’audience accordée par le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, le 27 mai 2020, au ministre des Affaires étrangères, Noureddine Erray.
Le premier responsable est d’évidence le ministère des Finances. Ce qui ne permet pas de dire pour autant que le département des Affaires étrangères n’assume aucune responsabilité en la matière. Surtout que l’augmentation de ces tarifs a déplu à nos concitoyens vivant à l’étranger.
Car, le ministère des Affaires étrangères est le vis-à-vis, qu’il le veuille ou non, des Tunisiens à l’étranger. Et ce, à travers ses représentations hors du territoire national. Le ministère a, à ce titre, et quoi qu’on dise, son mot à dire sur le sujet.
Questions cruciales
Quoi qu’il en soit, l’augmentation des tarifs consulaires permet de poser deux questions cruciales. D’abord, la décision a-t-elle été bien réfléchie? Et ensuite, a-t-elle été assez coordonnée avec toutes les parties en présence? Et s’il y a un hic, il ne peut être étudié sans doute qu’à travers ces deux angles.
Une décision à coordonner notamment avec le Président de la République qui, selon la Constitution, et quoi que puisse être l’interprétation et aussi la lecture faite de l’audience accordée au chef de la diplomatie tunisienne, est partie prenante.
N’appartient-il pas au président de la République « de déterminer les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relatives à la protection de l’État et du territoire national des menaces intérieures et extérieures » (Art. 77)?
Un président de la République qui « garantit l’indépendance de l’Etat et sa continuité et veille au respect de la Constitution » (Art. 71). N’y a-t-il pas, à ce propos, dans cette augmentation quelque part un travers à cette « justice sociale » (Art. 12)? Les avis peuvent être partagés, mais personne ne peut refuser logiquement le fait que le chef de l’Etat vienne s’entretenir de cette question des augmentations des tarifs consulaires avec Noureddine Erray.
« Une image vaut mille mots »
D’autant plus que ces augmentations ont paru excessives à plus d’un. Et une partie des intéressés a estimé que les autorités donnent l’impression de vouloir faire de la communauté étrangère une sorte de vache à lait. Exagération mise à part, payer presque trois fois plus pour l’obtention d’un passeport en France est tout de même dur à avaler.
Détail sans doute à relever dans cette audience, la photographie publiée à l’occasion de celle-ci. Elle montre le chef de l’Etat exhibant le document autorisant les tarifs en question au ministre des Affaires étrangères. Avec un regard on ne peut plus sévère. La dépêche rendant compte de l’audience a du reste évoqué un « impact négatif » des mesures décidées au niveau consulaire. Ce qui veut tout dire.
Un proverbe dit qu’une « image vaut mille mots ». Kaïs Saïed peut-il mieux exprimer son mécontentement qu’à travers cet instantané? Une photographie que certains inscriront dans une suite logique des dernières apparitions de Kaïs Saïed. Et ce, à Kébili, à l’Académie militaire ou à l’occasion de ses vœux pour l’Aïd el-Fitr.
Inutile de préciser que le chef de l’Etat a marqué, à ce niveau, un point. En montrant notamment, qu’au niveau des structures de l’Etat, et au niveau le plus haut, les doléances de notre communauté à l’étranger sont écoutées. Celle-ci compte près de 10% de la population. Et elle a toujours constitué une composante de la nation.