L’Institut National de la Statistique, en collaboration avec la Banque Mondiale, a annoncé les résultats d’une enquête sur l’impact du Covid-19 sur le quotidien des Tunisiens.
En effet, cette enquête téléphonique a concerné un panel de 1369 ménages, représentatif de la population tunisienne. Par ailleurs, le nombre des répondants durant la première partie de l’enquête s’élève à 1030 ménages. L’INS a mené cette enquête du 29 avril au 8 mai 2020. Et ce, pour prendre la mesure des impact socio-économiques de la Covid-19.
Ce qu’il faut retenir
1/ Plus de 80% des personnes interrogées sont bien informées. Et appliquent les mesures basiques d’hygiène et de distanciation sociale (se laver les mains, éviter les contacts rapprochés).
2/ Plus d’un tiers des personnes interrogées ont eu besoin d’une assistance médicale. Mais n’ont pas pu y accéder à cause du confinement total ;
3/ Plus d’un tiers des ménages les plus pauvres ont réduit la quantité ou la qualité des produits alimentaires consommés;
4/ De plus, deux tiers des personnes interrogées, qui avaient une activité avant le confinement, n’avaient toujours pas repris à fin avril ;
5/ Quant aux salariés en arrêt de travail, 60% d’entre eux déclaraient ne plus recevoir de rémunération. Cette proportion s’élève à près de 80% pour les 40% les plus pauvres;
6/ Enfin, le télétravail a concerné une personne sur dix. Et ce, parmi les employés ayant pu continuer à travailler durant le confinement total. Cette proportion passe à un sur trois pour la frange de la population la plus aisée.
Les Tunisiens connaissent parfaitement le coronavirus
Le premier résultat qui ressort de l’enquête est la bonne connaissance des Tunisiens des gestes-barrières à appliquer pour limiter la propagation du virus. La grande majorité des enquêtés ont adopté et respecté les mesures basiques d’hygiène et de distanciation sociale.
La crise sanitaire a eu des répercussions sur l’approvisionnement en certains produits de base, essentiellement la farine et la semoule. Et dans une moindre mesure les produits sanitaires. Cette pénurie a affecté de manière relativement égale l’ensemble des classes de la population. Toutefois, d’autres denrées alimentaires (pains, pâtes, légumes, fruits), les produits de nettoyage ou encore les produits énergétiques étaient largement disponibles.
Un accès difficile à la santé
En revanche, l’accès aux soins a été plus problématique pour les personnes ayant un niveau de vie plus modeste. Ces soins coûtent deux fois plus cher pour la frange de la population la moins nantie. Cette enquête confirme que le taux de couverture sociale et sa qualité sont moins bons. Et ce, pour les personnes les plus vulnérables économiquement.
Il va sans dire que cette frange vulnérable de la population serait donc a priori plus exposée à l’impact d’une crise sanitaire. Cependant, la difficulté d’accès aux soins dans le cadre du confinement total a touché de façon quasi uniforme l’ensemble des catégories de la population.
Et ce pour des raisons évidentes : déplacements limités, personnel médical non disponible lors du confinement. En outre, l’enquête révèle que près des deux tiers des ménages ont subi l’impact du Covid-19, sous une forme ou une autre. Essentiellement par l’augmentation des prix des produits alimentaires ou la perte d’emploi. Ainsi, par exemple, plus d’un tiers des répondants ont déclaré craindre de manquer de nourriture pour des raisons financières durant le mois précédant l’interview.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
Pour faire face à l’augmentation des prix des produits alimentaires ou pour pallier la perte de leur emploi, les ménages interrogés ont :
– Puisé dans leurs économies (plus de 25%),
-Reçu de l’aide ou emprunté de l’argent à des proches (plus de 25%),
-Eu recours à un paiement différé de leurs obligations (environ 15%) ;
-Tandis que certains ont modifié leurs habitudes de consommation alimentaires et non alimentaires.
L’activité économique a subi l’impact elle aussi
L’activité économique a été fortement réduite pour la grande majorité des travailleurs. Et par ricochet, les revenus également. Ainsi, seulement un tiers des personnes interrogées déclarant exercer une activité professionnelle avant le confinement ont pu reprendre leur travail. Parmi ceux qui étaient en arrêt d’activité, chez les salariés, seuls 40% ont perçu tout ou une partie de leur salaire. La crise a également fortement impacté les unités de production familiales.