Al Karama a présenté une motion exigeant les excuses officielles de la France pour ses crimes pendant l’ère colonialiste. La presse francophone a largement relayé et commenté cette motion. Extraits.
Comme nous le savons, faute de quorum, l’ARP n’a pas finalement adopté la motion scélérate d’Al Karama.
Patriotes et sbires
Certes, le principe était louable dans le fond, mais cette motion controversée servait de prétexte pour faire le procès de l’ère bourguibienne. Clivant ainsi les Tunisiens, après plus de 60 ans d’indépendance, en honorables patriotes d’un côté, et en méprisables sbires du colonialisme de l’autre côté.
Au vu de sa sensibilité, cette motion a été largement relayée en France. Plusieurs médias l’ont présentée comme « un refus du Parlement tunisien à exiger des excuses officielles de la part de l’Etat français ». Un fiasco et un coup dur porté à la crédibilité de la diplomatie tunisienne.
Ainsi le Figaro, un quotidien de droite, rappelle que « la motion était présentée par la coalition Al Karama, un parti islamo-nationaliste comptant 19 élus sur 217 députés, qui en avait fait une promesse électorale lors des législatives d’octobre 2019 ». Laissant entendre qu’il s’agit d’une manœuvre de politique intérieure.
Un projet de motion bâclé
Pour sa part, l’Ouest France, souligne que ce projet de motion était mort-né. Car il a été présenté à la plénière de l’ARP sans débat préalable ni travail de préparation. La coalition Al Karama n’est pas parvenue finalement à faire adopter à l’Assemblée des représentants du peuple ; sa motion exigeant des excuses officielles de la part de l’Etat français pour « ses crimes à l’encontre du peuple tunisien pendant l’ère coloniale ».
« Eradiquer les centres culturels français »
Pour sa part, l’Agence de presse française AFP a également mis en exergue cette plénière. Elle a cité particulièrement les propos du député d’Al Karama Ridha Jaouadi qui appelle à éradiquer « les centres culturels de l’occupation française qui sont plus dangereux que les bases militaires ». Les accusant de mener « une invasion culturelle qui détruit la morale et les valeurs » des Tunisiens.
L’agence de presse rappelle également que ce député « imam » avait été limogé en 2015 de la principale mosquée de Sfax par les autorités tunisiennes qui l’avaient qualifié d’extrémiste puis accusé de »collecte d’argent » sans autorisation.
« La Tunisie ne demandera pas d’excuses à la France ». A ainsi titré le média suisse Le Matin, même si la motion n’engage en rien aucune partie officielle, en cas d’adoption. « Le texte proposait d’exiger des excuses de l’État français ainsi que des indemnisations pour les assassinats, viols, exils forcés d’opposants, le pillage des ressources naturelles et le soutien à la dictature ». Précise le site d’information.
Une motion « déconnectée »
Enfin, l’hebdomadaire français Le Point a pour sa part déploré le timing du choix inopportun de l’initiative d’Al Karama : « C’est la seconde fois en quelques jours que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacre une plénière à un sujet abrasif, déconnecté de la situation sanitaire et sociale que vivent le pays et le reste du monde. La preuve, le quotidien tunisien La Presse titrait « Quand règne le chaos ». Alors qu’un autre article évoquait le « Coronavirus parlementaire ».