Le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Hfaiedh Hfaiedh, a déclaré que la centrale syndicale refuse toute réduction des salaires des fonctionnaires. Et des pensions de retraite. Une réponse directe à la politique d’austérité prônée dimanche dernier par Elyes Fakhfakh.
A peine 24h après l’interview télévisée du chef du gouvernement, la centrale syndicale UGTT lui oppose un niet cinglant et catégorique : « Pas de réduction des salaires des agents du secteur public et de la fonction publique dans le cadre de la politique d’austérité proposée par le gouvernement ».
Pour rappel, le chef du gouvernement a déclaré, dans une interview télévisée, avoir informé les responsables de l’UGTT de la situation catastrophique de l’économie nationale. Notamment de la précarité des finances publiques. N’excluant pas au passage une réduction des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite si l’hémorragie n’était pas stoppée et si des réformes audacieuses n’étaient pas prises à temps.
Une manière habile d’engager la responsabilité des dirigeants syndicalistes dans les prochaines réformes. Celles-ci seront forcément douloureuses et amères.
Le niet de l’UGTT
Mais les dirigeants de la place Mohamed-Ali ne semblent pas l’entendre de cette oreille. Ainsi, Hfaiedh Hfaiedh a déclaré à la TAP, hier lundi, que l’UGTT refuse « toute politique unilatérale du gouvernement visant à porter atteinte aux droits légitimes des travailleurs. Et de leur faire subir les conséquences de la crise financière actuelle ».
Réitérant le refus de « toute politique unilatérale du gouvernement qui pourrait porter atteinte aux droits des salariés », le SG adjoint rappelle la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale. Et d’adopter des mesures pour revitaliser l’économie.
« La situation économique nécessite un débat entre le gouvernement et ses partenaires sociaux. Nous avons entamé des discussions avec le gouvernement. Et ce, depuis environ trois semaines, sans pour autant aborder les détails relatifs aux propositions visant à remédier à la situation économique et sociale en Tunisie ».
« Ces questions devront être mises sur la table des négociations dans le cadre de la commission 6 + 6 ». A-t-il avancé.
Surenchères
Non content d’écarter la vision du chef du gouvernement pour l’avenir, le responsable syndical enfonce le clou. Il a rappelé que l’UGTT s’attend à la concrétisation de plusieurs engagements pris par les pouvoirs publics. Notamment le décaissement de la troisième tranche d’augmentation des salaires au profit des fonctionnaires. Et ce, à partir du 1er août prochain.
A mettre en œuvre des conventions sectorielles conclues avec le gouvernement et à l’élimination de toutes les formes d’emploi précaire à travers, notamment, le recrutement de 19000 travailleurs de chantier.
Dialogue de sourds
En effet, ce discours de sourds semble révéler un désaccord profond entre le gouvernement et la centrale syndicale. Non pas sur le diagnostic de la crise mais sur la manière de s’en sortir.
A moins que ce discours anesthésiant ne soit adressé aux classes sociales les plus frappées par la crise pour leur faire avaler, en douceur, la potion amère.