Un document dévoilé sur les marchés publics indique qu’une société, dont Elyes Fakhakah est actionnaire et ex-dirigeant exécutif, a remporté deux marchés publics. Alors qu’il était à la tête du gouvernement. Une affaire explosive.
Ainsi, le feuilleton de la supposée implication du chef du gouvernement dans une grosse affaire de conflit d’intérêts a connu, hier, un rebondissement spectaculaire.
En effet, on apprend que la société Valis, dont Elyes Fakhakah est actionnaire et ex-dirigeant exécutif, a remporté des marchés d’un montant de 44 MDT avec l’État tunisien. Et cela, au mois d’avril 2020, en plein confinement. Précisément quand M. Fakhafakh était à la tête du gouvernement.
Collusion
Et le député indépendant Yassine Ayari qui menait une enquête sur cette affaire, publiait, hier, un document sur les marchés publics. En indiquant que la société Valis a remporté deux marchés d’un montant de 44.086.900 MDT. Ajoutant que la société Vivan, dont M. Fakhfakh détient 66% des parts, se chargeait de la mise en œuvre du projet.
De plus, le contrat était signé par l’Agence nationale pour la gestion des déchets (Anged). Ce qui prouverait, selon M. Ayari, une collusion entre l’Etat et la dite société appartenant au chef du gouvernement.
Par ailleurs, en revenant au site web des marchés publics, il apparaît que le premier contrat d’un montant de 28.9 MDT est relatif à l’exploitation de décharges dans des centres de transfert dans les gouvernorats de Nabeul et Zaghouan. Alors que le deuxième contrat d’un montant de 15.37 MDT, concerne la même opération dans le gouvernement de Bizerte.
Moez Joudi: « Un scandale d’Etat »
En outre, enfonçant le clou, l’expert économique, Moez Joudi, a réagi à ce sujet dans un post publié hier. Et ce, avec des propos très durs envers le chef du gouvernement. « D’après le site gouvernemental des marchés publics, le groupement Valis, dont Elyes Fakhakah est actionnaire et où il était dirigeant exécutif, a remporté des marchés avec l’État tunisien d’un montant global de 44 MDT ! OUI, 44 MDT d’argent public! En plus, les résultats de la soumission sont datés du mois d’avril 2020. C’est-à-dire au moment où M. Fakhafakh est Chef du gouvernement! Ça ce n’est plus un conflit d’intérêts, c’est un scandale d’Etat. En plus il y a des mensonges et des tromperies derrière », martèle-t-il.
Conflit d’intérêts: explications embarrassées
Suite à ce conflit d’intérêts manifeste, une source bien informée à la Kasbah a tenu, hier, à apporter certaines précisions. « Le chef du gouvernement ne détient pas des actions directes dans l’entreprise concernée. Mais des actions dans l’une des sociétés participantes dans le capital de ladite entreprise ».
Et d’ajouter: « Le chef du gouvernement n’est pas un dirigeant au sein de n’importe quelle entreprise du groupement. Et il ne gère pas ses actions ». Tout en soulignant que « l’appel d’offres dans l’affaire, sujet de la polémique, a été publié en septembre 2019. Le dépouillement a eu lieu le 25 décembre 2019. Il a été remporté par trois entreprises sur les cinq participantes, dont Valis ».
La même source a, également, précisé que M. Fakhfakh a entamé, réellement, les procédures de cession de ses parts.
Disons pour conclure qu’au-delà de l’aspect légal et éthique, il s’agit d’un problème politique. Le chef du gouvernement est appelé à dire la vérité, toute la vérité sur cette affaire ambiguë. Et pourquoi ne pas présenter des excuses publiques, s’il était fautif? C’est le prix à payer dans une démocratie.