La crise sanitaire de Covid-19 a bel et bien provoqué une instabilité économique dans les entreprises. Que ce soit chef d’entreprise ou cheffe d’entreprise, l’impact est de taille, en particulier pour les cheffes d’entreprises plus que leur alter ego masculin : Plus de 1/3 des femmes cheffes d’entreprise interrogées représentent le seul soutien de famille. C’est le résultat d’une enquête menée par l’OIT en partenariat avec la Chambre Nationale des Femmes Chefs d’entreprises CNFCE.
La CNFCE tire la sonnette d’alarme. La crise sanitaire a impacté 90% des entreprises sondées, avec des degrés différents au niveau de leurs activités.
Pour ce qui est du degré d’impact de la pandémie, les résultats montrent que 63,5% des entreprises interrogées sont très affectées, soit un total de 108 entreprises. Et 27,1% des entreprises, elles aussi, sont modérément affectées, soit un total de 46 entreprises. Alors que seules 1,8% des entreprises sondées considèrent qu’elles ne sont pas affectées.
44,7% des entreprises ont suspendu leurs activités
L’enquête de l’Organisation Internationale du Travail (« OIT ») a pu déterminer l’impact négatif sur l’activité des entreprises. En effet, 68% des entreprises sondées estiment que leurs revenus ont baissé. Plus encore, 44,7% des entreprises ont confirmé la suspension de leurs activités. En outre, certaines entreprises ont été amenées à licencier. Soit 13,5% des entreprises sondées ont procédé au licenciement de quelques employés.
30% des entreprises sont incapables de verser les salaires
En outre, plus que la moitié des entreprises sondées ont déclaré un arrêt complet du travail soit 87 entreprises. Près de 30% des entreprises sondées étaient incapables de payer les salaires, soit 53 sociétés.
Rappelons que les entreprises interrogées comptent 165 FCE qui opèrent en Tunisie et 05 FCE en dehors du territoire tunisien.
De ce fait, en absence d’échanges commerciaux internationaux lors du confinement, 14,7% des entreprises interrogées ont trouvé des difficultés à exporter. Ce qui explique entre autres l’arrêt de l’activité de l’export lié à l’arrêt des activités des clients européens essentiellement. Ainsi les entreprises sont prises par cette spirale infernale des problèmes liés aux difficultés de recouvrement, le retour des traites impayées, des factures chargées des intérêts supplémentaires suite aux nouvelles échéances de paiement accordées par les fournisseurs.
Si la pandémie perdure, que doit-on faire ?
Est-il vrai que la première vague de pandémie a déstabilisé le monde entier ? Cela dit, on se demande si une autre vague se pointe à l’horizon, quelles seraient les mesures mises en place par les entreprises ? Car il ne serait pas question de se permettre le luxe de tout arrêter.. Et de se retrouver du jour au lendemain à l’arrêt… Pour répondre à cette question, il s’avère que d’autres mesures sont envisageables.
A savoir la mise en place d’une plateforme en ligne liée à l’activité de l’entreprise,
l’achat de nouveaux outils et logiciels pour le travail en ligne, l’allègement du travail
(4h/j), le changement du secteur d’activité, le commerce en ligne (e-commerce), le
déménagement du domicile pour se rapprocher du lieu du travail et la réalisation des
petites séries par modèle pour l’activité textile concernée.Tout comme il serait question de la réouverture progressive et, le cas échéant, l’obligation de rester confiné à l’usine en cas où la pandémie est appelée à durer.
On peut évoquer d’ores et déjà que les solutions existent.. Comme on dit pour chaque problème, il y a une solution, notamment la capacité de résilience face à la crise.
Savoir saisir les opportunités
Cela dit, si la pandémie se poursuit, la réponse varie d’une entreprise à une autre. 41,7% des entreprises sondées poursuivront leurs activités à moins de trois mois.
En revanche, 15,8% des entreprises sondées comptent poursuivre leurs activités pour
une durée de trois à six mois. Soit un nombre de 27 entreprises. Au-delà des six mois, seulement 8% comptent poursuivre leurs activités. Et 34% des entreprises sondées n’envisagent pas la fermeture de l’entreprise, soit 58 entreprises sondées.
Il est vrai que les moments de crise offrent des moments d’opportunités.. D’ailleurs, les entreprises ne sont jamais statiques. Le changement peut être exactement ce dont les femmes Cheffes d’entreprises rêvent d’accomplir… Car tout le monde sait que les femmes cheffes d’entreprises se trouvant à la tête des entreprises, débordent d’enthousiasme, d’audace, de passion, d’optimisme et d’endurance. Ce qui nous amène à la réflexion suivante: comment s’en sortir et quelles sont les principales recommandations ?
Les recommandations:
- Faciliter l’accès à la plateforme relative aux nouvelles mesures de la crise
du COVID-19 et mettre à la disposition des FCE un numéro vert spécial
femme dirigeante pour répondre aux questions.
2. Généraliser l’aide de l’Etat à tous les secteurs d’activités
3. Annuler les conditions relatives aux aides de l’Etat pour les FCE
4. Report de paiement des échéances des crédits à 2021
5. Allègement de l’impôt et report de la CNSS à 2021 pour Entreprises gérées par des femmes ayant des difficultés financières
6. Créer un fonds de solidarité pour femmes appelé MOUSSANADA offrant une facilité de caisse de 2000 DT pour toute FCE
7. Allègement exceptionnel des charges du personnel des entreprises gérées par des femmes
8. Allègement du coût des opérations du paiement par carte pour les commerçants
9. Procéder au changement et la mise à niveau de la réglementation de change pour faciliter les paiements des sites online
10 Mise en place en urgence de quotas en vue d’ouvrir les marchés publics aux TPE gérées par des femmes.
Sans oublier sensibiliser les institutions financières et les institutions de microfinance et
leurs agents de front office aux besoins et pour le traitement spécifique des femmes cheffes d’entreprise et leur potentiel suite à la crise sanitaire de Covid-19.