Selon notre confrère Achourouk, « un plan aurait été ourdi visant à empoisonner le président de la République, Kaïs Saïed ». Retour sur une affaire rocambolesque où l’intox tutoie le vrai.
On a vu le président de la République, Kaïs Saïed, en train de prendre son capucin dans un café populaire de Mnihla. On l’a vu également chez son coiffeur se faire couper les cheveux comme n’importe quel citoyen Lambda. Mais, hier vendredi, une photo partagée sur la Toile le montrait dans une boulangerie de la cité Ennaser. A peine quelques heures après la publication d’un article par le quotidien arabophone Al Chourouk évoquant un plan d’empoisonnement du chef de l’Etat.
Alors s’agit-il d’un article bidon, spécialité de Mouna Bouazizi, l’auteure de l’article, laquelle court souvent derrière des buzz douteux dont certains lui ont valu des poursuites, ou y a-t-il anguille sous roche ? Voyons les faits.
Une histoire digne d’un feuilleton
Selon les détails fournis par la journaliste d’Echourouk, dignes d’une série mexicaine de bas étage, un plan d’empoisonnement visant le président de la République aurait été fomenté dans une boulangerie située aux Berges du Lac 2.
Ainsi, un employé de cette boulangerie qui approvisionne le palais de Carthage aurait avoué à la police qu’un homme d’affaires lui aurait avancé la somme de 20 000 Dinars pour empoisonner la pâte du pain destiné à Carthage.
La journaliste écrit également qu’ayant pris peur, le boulanger aurait tout avoué à la police et que, vu la gravité de la situation, la direction de lutte contre les crimes à El Gorjani s’est saisie de l’affaire.
Démenti catégorique de ces « allégations » par la présidence de la République. Mais, le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Mohsen Dali a entre-temps apporté des précisions sur cette rocambolesque affaire.
Intox
Dans son intervention sur les ondes de Mosaique FM, M. Dali indiquait que la police judiciaire des Berges du Lac 2 a diligenté une enquête à propos d’un employé dans une boulangerie qui approvisionne le palais de Carthage en pain, et qui a déclaré avoir mis un produit toxique dans le pain.
Or, le parquet qui a autorisé l’ouverture d’une enquête auprès de la direction des affaires criminelles de Gorjani, s’est aperçu que cette affaire n’est qu’une simple concurrence entre deux boulangeries aux Berges du Lac ayant abouti à la dénonciation calomnieuse pour salir la réputation de la boulangerie qui approvisionne Carthage.
Histoire de buzz
Morale de l’histoire, la journaliste d’Achourouk vient de publier un vrai/faux fake news ; car se basant sur une enquête judiciaire réelle menée par les limiers des affaires criminelles de Gorjani, elle a monté de toutes pièces une histoire stupide de concurrence entre deux boulangeries pour sauter allègrement à la conclusion d’un « complot » visant à empoisonner le chef de l’Etat.
Certes, dans la recherche effrénée du buzz, notre confrère arabophone a « vendu du papier », grâce à cette histoire abracadabrante mais à quel prix ? Celui du sérieux et de la crédibilité de l’ensemble de la presse tunisienne. Et c’est dommage…