En ces temps de crise, les discours doivent marquer la solidarité. Durant la semaine écoulée, on a suivi le discours du Président de la République, Kaïs Saïed, et de l’ex-chef du gouvernement Elyès Fakhfakh. La question essentielle est comment les interpréter? Mehdi Ghazzai consultant en communication livre son analyse sur les deux discours.
Mehdi Ghazzai estime qu’il y a plusieurs similitudes entre les deux discours, à savoir l’utilisation des même techniques rhétoriques. Il précise dans ce contexte: « La multiplication des allégories comme « La Tunisie en pleine tempête (Elyès Fakhfakh) »; et « des forces coloniales (Kaïs Saïed) » sont très utiles pour exprimer des idées à travers des images émises dans l’esprit des téléspectateurs et constituent des punchlines pour les retombées presse. »
Et d’ajouter: « L’utilisation des anaphores soit la répétition de la même expression au début de plusieurs phrases : « La Tunisie mérite… (FF) et La loi au-dessus de tous (KS) ». L’emploi des antithèses: « Les compétences nationales face aux forces de destruction (FF)» Ou encore: « l’honnêteté au détriment du mensonge et de la trahison (KS) » »
Et de poursuivre: « Cette technique est très efficace car elle permet de créer un ascenseur émotionnel. On fait passer les auditeurs de la peur au soulagement, de la colère à la joie. Ce qui permet de saturer sur leur cognition. »
D’ailleurs, il met en avant que l’utilisation du mot « peuple » comme si c’était une entité homogène. Avant d’ajouter: « L’utilisation du pronom “Ils” qui était très présente tout au long du discours ». « Or, il y a une règle en rhétorique qui veut qu’il semble toujours plus intéressant de poser un acte fort quand on l’oppose à un contre modèle. C’est le premier stratagème de Schopenhauer, l’extension ou le “Straw Man”. Il consiste à exagérer ou inventer la position de l’adversaire, afin de pouvoir la réfuter aisément. Le “Je” de KS et le “Je” de FF s’opposent au contre-modèle du “eux”.
En somme, il conclut: « Certains experts affirment que c’étaient des discours subversifs et dangereux. En même temps, ces deux discours nous rappellent d’autres discours de KS, et même tous les discours de KS depuis le 17 décembre 2019. Autrement dit, nous sommes face à des discours qui se veulent être subversifs mais qui sont devenus des discours auxquels on s’attend, voire évidents, c’est-à-dire le contraire même de la subversion et à faible impact politique. Et par conséquent, on a affaire à des discours populistes ! »