La pandémie de la Covid-19 est venue compliquer la concrétisation des Objectifs de développement durable (ODD). Mais aussi le suivi des éventuelles avancées. Tel est ce qui ressort du rapport publié récemment par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture – FAO.
En effet, la crise sanitaire mondiale inédite, dont les répercussions sont économiques aussi bien que sociales, complique davantage la concrétisation des cibles de ces ODD. C’est ce qu’indique le FAO dans son rapport. Il s’intitule: Suivi des progrès accomplis dans le cadre des indicateurs des ODD liés à l’alimentation et à l’agriculture.
Ainsi, on constate une hausse de la faim, ainsi que d’autres formes d’insécurité alimentaire. La pandémie a par ailleurs eu des effets préjudiciables sur des pratiques de longue haleine. Notamment la conservation des ressources génétiques. Ainsi que sur des activités à court terme, comme les recensements agricoles nationaux. Ces deux volets sont essentiels pour recenser les besoins immédiats. Et pour encourager les agriculteurs du monde entier à adopter des pratiques plus durables.
En effet, les recensements ont été retardés, reportés ou suspendus dans plus de la moitié des 150 pays où ils devaient avoir lieu. Un quart des pays environ affirme que la Covid-19 a perturbé les activités des agences nationales de statistique. Et la quasi-totalité des activités de collecte de données de première importance en ont pâti. Ce qui complique considérablement les travaux que mène la FAO en sa qualité d’organisme responsable de 21 des cibles relatives aux ODD et d’organisme contributeur à cinq autres.
Des tendances positives malgré un tableau préoccupant
Par ailleurs, le rapport évalue les tendances actuelles, dont beaucoup stagnent. Notamment l’indicateur de référence relatif à la faim. Soit la prévalence de la sous-alimentation qui est utilisée pour contrôler la cible 2.1 des ODD. Voire il conclut à leurs dégradations. Comme l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue, un indicateur plus large appliqué à cette même cible.
En outre, pour un certain nombre d’indicateurs, on ne dispose pas de données suffisantes. Lesquelles permettraient d’évaluer à la fois leur état actuel et leur progression. En particulier ceux qui mesurent la productivité et les revenus des petits exploitants qu’il est prévu de doubler d’ici à 2030.
Cependant, « les membres peuvent compter sur la FAO. Elle les aidera à naviguer dans la méthodologie souvent complexe. Et à obtenir des résultats harmonisés et comparables. Condition indispensable à la nécessaire accélération des efforts en vue de la réalisation des ODD. Tandis que nous entrons dans une Décennie d’action cruciale qui culminera en 2030 ». C’est ce que déclare Pietro Gennari, Statisticien en chef de la FAO.
L’innovation peut couper court aux perturbations
De plus, la FAO a créé un laboratoire des mégadonnées. Et également un outil connexe en vue de recueillir des informations en temps réel liées à une série d’indicateurs; un outil de suivi et d’analyse des prix alimentaires; et la Plateforme de données fondée sur le SIG de l‘Initiative Main dans la main. Elle redouble d’efforts afin de rendre publiques toutes les données.
De même, l’organisation exploite d’autres sources d’informations. Et ce, en vue d’aider les Membres à évaluer en temps réel les répercussions des perturbations engendrées par la pandémie sur les systèmes alimentaires. Ainsi qu’à repousser les limites qui freinent actuellement la collecte de données sur le terrain.
Par ailleurs, on utilise les images obtenues par satellite. Pour identifier et contrôler les risques de déstabilisation de la production végétale et des chaînes de valeur associées. Des modèles d’apprentissage automatique ont été mis au point. Et ce, afin de trier et de classer les perspectives de récolte, qui sont intégrées à d’autres ensembles de données. En particulier les mesures restrictives des gouvernements et les tendances relatives aux effets de la Covid-19. Ce qui permet de prendre des décisions en s’appuyant sur des éléments concrets.
Les conclusions de la FAO
Toutefois, les données relatives à la productivité agricole sont rares. Mais plusieurs éléments indiquent que les petits producteurs d’aliments accusent un certain retard. Et ce, par rapport aux exploitants à plus grande échelle. Les données sur leurs revenus, relativement plus fournies, révèlent que dans la plupart des pays, les petits agriculteurs gagnent à peine la moitié de ce que touchent les grands producteurs.
En 2019, on disposait dans le monde de 5,43 millions d’échantillons de ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, contre 4,21 millions en 2005. Or, les efforts visant à garantir la diversité des espèces cultivées en ce qui concerne les variétés sauvages apparentées à des variétés cultivées et les espèces sous-utilisées restent insuffisants.
Le nombre de races d’élevage dotées d’un matériel génétique suffisant pour assurer leur reconstitution en cas d’extinction a été multiplié par 10 entre 2010 et 2019. Mais elles ne représentent toujours que 101 des quelque 7 600 races connues à travers le monde. Dont 73% environ sont menacées d’extinction.
Et encore: l’égalité entre les sexes, au regard des droits fonciers dont les femmes sont bénéficiaires, est loin d’être une réalité. D’ailleurs, dans de nombreux pays, les dispositions juridiques ne protègent pas comme il se doit les droits des femmes sur les terres. À cet égard, seuls 12% des pays examinés garantissent un très haut degré de protection.
Enfin, les forêts continuent de perdre du terrain et la viabilité des stocks ichtyologiques mondiaux recule. Et ce, à un rythme moins soutenu qu’auparavant toutefois. Les investissements publics consacrés à l’agriculture, mesurés en proportion du PIB, ont diminué d’environ un tiers depuis 2001. Et c’est en Asie, où le niveau d’investissement était important, qu’on a constaté les baisses les plus nettes.
Par conséquent, « nous devons travailler en concertation à la recherche de nouvelles possibilités qui nous permettront de recueillir les informations nécessaires pour susciter les changements que le monde s’est engagé à faire advenir », a conclu M. Torero.
Consultez le rapport dans son intégralité ici.