Le dirigeant au sein d’Ennahdha Lotfi Zitoun vient de lancer un appel à la clémence. Et ce, en faveur de la famille de l’ancien président de la République Ben Ali. Il décédait il y a un an jour pour jour. Un appel qui n’est pas du goût de certains élus d’al Karama. Et ce n’est point surprenant de leur part.
Ainsi, l’ancien président de la République, Zine el Abidine Ben Ali, décédé il y a un an jour par jour, continue de susciter des passions contradictoires. Faute d’une réconciliation nationale digne de ce nom; comme ce fut le cas au Maroc et en Afrique du Sud. Alors même qu’il est entre les mains de Dieu. Et que les deux décennies, où il régna en maître sur notre destin, appartiennent aujourd’hui à la longue histoire de notre pays.
Clémence et pardon pour Ben Ali
En effet, l’ancien ministre des Affaires locales, Lotfi Zitoun, continue de se distinguer de ses amis nahdhaouis. Et ce, par son audace, son élégance et sa hauteur d’esprit.
Ainsi, il vient de lancer un vibrant appel au président Kaïs Saïed. Pour l’inciter, au nom de ses prérogatives et en sa qualité de garant de la cohésion nationale, à faire un geste de clémence et de pardon. Et ce, envers la famille du défunt Zine El Abidine Ben Ali. Une grâce présidentielle inspirée des valeurs de l’Islam: miséricorde, clémence et pardon.
« Il est temps de fermer ce dossier et de se hisser au niveau des pays civilisés qui ne sont régis que par la loi. Se venger des enfants de l’ancien président en leur interdisant de revenir en Tunisie n’a plus de sens. Se venger des membres de sa belle-famille qui ont été punis est une absurdité ». Tel est le message qu’il postait, samedi 19 septembre, sur son compte Facebook.
Justice et procès équitable
Et de lancer une émouvante requête au locataire du palais de Carthage : « Permettez à ceux qui sont toujours en fuite, dont des épouses et enfants de retourner au bercail. Que ceux qui sont encore concernés par des affaires aient droit à des procès équitables. Il faudra leur fournir à tous un passeport tunisien. Ayez de la miséricorde, Monsieur le Président, pour ceux qui ont purgé une longue peine de prison. »
Car Lotfi Zitoun souligne à l’occasion que Ben Ali, mort en exil en Arabie Saoudite des suites d’une longue maladie, a quitté la Tunisie depuis déjà dix ans, accompagné de son épouse et de ses enfants. Il rappelle également que certains membres de sa famille ont pris la fuite; que d’autres ont été emprisonnés. Et que certains sont morts au cours de leur incarcération par manque de soins.
Discours de haine
Evidemment la réaction a été immédiate à cet appel digne; venant d’un homme qui avait connu la prison, la torture et l’exil sous le règne de Ben Ali. Puisque le bouillant député d’Al Karama, Seif Eddine Makhlouf, connu pour avoir été l’avocat de la défense de salafistes et de terroristes, ne rate pas l’occasion de répondre sur le champ. Et ce, dans un post sur les réseaux sociaux, aux propos de Lotfi Zitoun: « Trêve de larmes de crocodile (trahdiin)! Personne n’a empêché les enfants du criminel enterré de revenir en Tunisie et d’ailleurs personne ne peut interdire à un Tunisien de revenir. »
Puis, il poursuit: « Seulement, leur mère et le reste de la bande doivent rendre ce qu’ils ont volé et pillé. Et ils auront le droit à une défense et une justice équitable ».
Même réaction haineuse contre Lotfi Zitoun. « Honte à vous. Ben Ali est toujours vivant dans les esprits des bourreaux. Et sa malédiction hante encore ceux qui ont subi la torture ». C’est ce qu’on peut encore lire dans le statut publié par le député d’Al Karama, Abdelatif Aloui.
In fine, qui est le plus respectable entre des deux? Lotfi Zitoun qui appelle à la clémence pour la famille de son ancien bourreau? Ou le sulfureux Makhlouf, inaudible pendant les années de braise?
Ben Ali n’est plus. Nous avons d’autres chats à fouetter et des montagnes à déplacer, alors fichons la paix aux morts…