Le chef du gouvernement Hichem Mechichi ayant essuyé une humiliation publique de la part du président de la République. Et ce lors de leur dernière rencontre se rebiffe : désormais, il refusera que toute rencontre avec Kaïs Saïed « soit filmée et manipulée. Et ce de manière à porter atteinte à l’Etat et aux institutions du pouvoir ».
Tel un enfant qui s’amuse à casser ses jouets, Kaïs Saied semble jouer avec Hichem Mechichi au jeu du chat et de la souris. Quitte à déstabiliser et saper l’autorité de l’homme qu’il a placé lui-même au palais de Kasbah. Mais pour quel intérêt ? Les voies de dieu sont impénétrables. N’est-ce pas Monsieur le président !
Humiliations publiques
Ainsi, en seulement quelques semaines, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a essuyé deux humiliations publiques de la part du président de la République.
Premier acte. Le chef du gouvernement décide de limoger son ministre des Affaires culturelles Walid Zidi. Et ce à cause de ses atermoiements. Le jour même, ce dernier est reçu avec les honneurs par le locataire du Palais de Carthage. Lequel lui témoigne estime et affection. Il lui prodigue ses encouragements.
En haut commis de l’Etat soucieux de la discipline et du respect de la hiérarchie, Hichem Mechichi s’incline. Il garde le ministre limogé préférant éviter un affrontement inutile avec le président de la République.
Deuxième acte. En recevant le chef du gouvernement le mercredi 23 septembre 2020 à Carthage, le chef de l’Etat inflige une deuxième humiliation publique à son hôte. Et ce sous le regard réprobateur de millions de téléspectateurs.
Visage fermé, très en colère, il s’est adressé d’un ton martial à son interlocuteur. Il a critiqué sévèrement la nomination de certains conseillers. Les remontrances du président ont été filmées et diffusées publiquement sans la réponse du chef du gouvernement.
Pour rappel, Hichem Mechichi avait désigné trois conseillers au sein de son cabinet à savoir, Taoufik Baccaret Mongi Safra. Deux éminentes compétences nationales ayant pour seul tort d’avoir servi sous le règne de l’ancien régime ainsi que Slim Tissaoui chargé des Affaires sociales.
Ingérence
Faudra-t-il rappeler que la nomination de conseillers figure dans les prérogatives du locataire du palais de la Kasbah. La présidence de la République n’a aucun droit de regard sur ces mesures administratives internes ?
Ayant avalé trop de couleuvres, Hichem Mechichi devra-t-il courber encore une fois l’échine devant l’ingérence présidentielle dans ses plates-bandes, défier le Président quitte à provoquer une crise institutionnelle ou claquer la porte avec fracas en présentant sa démission ? Dilemme cornélien.
En fin tacticien, Hichem Mechichi a botté en touche en optant pour une ligne médiane tout en affichant une fermeté inébranlable.
Ainsi, sans mettre directement en cause le Président, il a accusé les services de communication de Carthage de « violation du protocole et d’offense faite à l’image de l’Etat ».
Considérant que la vidéo « montée » et « manipulée » par ces services, met d’une manière sournoise l’image du chef de l’Etat tancer son interlocuteur. Sans que ce dernier ait droit à une réponse. Tel un écolier pris en faute devant le Maître.
Et l’avertissement de Mechichi de claquer comme un fouet « Dans un souci de préserver des relations de travail saines entre les institutions de l’Etat, et afin de répondre aux sollicitations du chef de l’Etat pour échanger sur les impératifs de la situation actuelle et les problématiques concernant le peuple tunisien, Hichem Mechichi refusera dorénavant que toute rencontre avec Kaïs Saïed soit filmée et manipulée de manière à porter atteinte à l’Etat et aux institutions du pouvoir ».
Un avertissement à peine voilé. La Constitution ayant délimité les territoires des deux têtes de l’exécutif, alors que chacun reste à sa place.
A bon entendeur salut.