Le paysage parlementaire en Tunisie est marqué par de regrettables dérapages de la part de certains élus indélicats. Comme le montre la violence inouïe perpétrée contre Abir Moussi. Ou la goujaterie dont Bochra Belhaj a fait l’objet. Alors, y mettre un terme est une nécessité absolue. Car il en va de notre jeune et balbutiante démocratie.
Pourquoi tous les instituts de sondage sont-ils unanimes à constater que le Parlement se place au bas de l’échelle des institutions dans l’estime des Tunisiens? Loin derrière l’Armée nationale ou encore la présidence de la République. La réponse est simple: l’affligeant spectacle des altercations entre élus. Mais aussi le langage de charretier et les noms d’oiseaux qui fusent à l’hémicycle. Le tout donnant l’impression que le débat public dans notre pays est loin de voler très haut.
Elus: insoutenable vulgarité
Un exemple? Lors de la plénière consacrée à une séance d’audition du gouvernement au sujet de la situation épidémiologique, une altercation d’une rare violence éclatait entre Abir Moussi, la présidente du parti Destourien Libre (PDL) et le porte-parole de la coalition hétéroclite d’Al-Karama, Seifeddine Makhlouf.
Ainsi, lors d’un dérapage verbal dont il est coutumier, ce sinistre personnage doublé d’un goujat notoire, traitait sa collègue de tous les noms. De « folle et de droguée à la colle au cirage, femelle qui manque d’éducation »… Et j’en passe. Et bien qu’il soit filmé, il est allé jusqu’à lui cracher à la figure, à deux reprises. Au vu et au su des députés, imperturbables. En lançant à ceux qui veulent bien l’entendre qu’il n’a peur de rien ni de personne, immunité parlementaire oblige!
Triste, laid et sinistre
D’ailleurs, un comportement digne d’un député qui avait défendu l’indéfendable directeur de l’école de Regueb. Cette école où on violait des enfants innocents. Et qui avait également défié un procureur de la République. En lui lançant publiquement au visage: « Si tu es un homme, viens me voir à Tunis » !! Sans commentaire…
Rebelote. Revenant à la charge, le chef de la Coalition de la dignité, a déversé dans un statut FB un flot d’injures ordurières contre Abir Moussi; que la bienséance et la dignité nous empêchent de divulguer.
Bref, toutes les limites des règles du débat et même de la confrontation politique entre élus ont été dépassées. C’était triste, laid et sinistre. A la limite d’un scandale nauséabond.
Goujaterie
Et que dire de la goujaterie de l’autre député Fayçal Tebbini qui insinuait publiquement que l’ancienne députée Bochra Belhaj Hmida est trop moche pour « ne pas risquer d’être elle-même violée » ?
Cette « lumineuse » déclaration fait suite à l’émotion populaire suscitée par le viol et de l’assassinat atroce de la jeune Rahma et l’appel à l’exécution de l’assassin. Sachant que la militante des droits de l’Homme avait exprimé son refus pour la peine de mort et réitéré l’appel pour l’abolition de cette peine.
« Aujourd’hui, elle refuse la peine de mort dans le cadre des crimes de viol parce qu’elle est certaine qu’elle ne risque pas d’être violée. Personne ne la regarde déjà comme une femme pour avoir envie de la violer ». La classe!
Réponse d’un autre niveau à Fayçal Tebbini par Bochra Belhaj Hmida: « Le statut de Tebbini n’est pas une atteinte à ma personne. Mais à toutes les femmes victimes de violences sexuelles qui ne sont ni belles ni jeunes ».
Une leçon de raffinement, d’élégance et d’élévation de l’esprit. En réponse à la grossièreté, à la bêtise grasse et au machisme de quatre sous.