Le ministre de la Culture Walid Zidi déclare publiquement qu’il refuse d’appliquer les décisions de la Présidence du gouvernent. Lesquelles sont relatives à la suspension des activités culturelles durant deux semaines. Et ce, afin de lutter contre la Covid-19. Du jamais vu!
Jean-Pierre Chevènement- le farouche ministre français de la Défense qui avait démissionné en 1990 pour protester contre l’engagement de son pays aux cotés des Américains pendant la première guerre du Golfe- prononça cette célèbre phrase: « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne. »
Rébellion
Cette fameuse citation s’applique parfaitement à Walid Zidi, fraîchement nommé à la tête du ministère de la Culture. En effet, le ministre vient de manifester publiquement sa désapprobation des décisions prises par la Présidence du gouvernement relatives à la situation épidémiologique. Et ce, cerise sur le gâteau, lors de son intervention, hier lundi sur Alarabia, une chaîne étrangère par-dessus le marché.
Sûr d’être soutenu par le président de la République qui l’avait imposé contre la volonté du chef du gouvernement, M. Zidi cherche-t-il par cette provocation délibérée à quitter le gouvernement de son propre gré? Ou plutôt à pousser Hichem Mechichi à le virer, afin de paraître comme victime d’un limogeage abusif?
Dans les deux cas de figure, ce comportement n’est pas compatible avec les us et coutumes de la République. Moralement une telle attitude est indigne d’un haut commis de l’Etat. Mais voyons d’abord les faits.
Zidi : « Je ne suis pas aux ordres »
Dans une vidéo relayée par Alarabya, le ministre de la Culture a affirmé, hier lundi 5 octobre 2020, qu’il refusera d’appliquer la batterie de mesures visant à limiter la propagation de la Covid-19. Notamment la suspension pendant deux semaines de toutes les manifestations commerciales, culturelles, scientifiques et sportives.
« Qui a dit que nous allons suspendre les représentations? Le ministère de la Culture a-t-il publié un communiqué dans ce sens? Quand Walid Dhahbi (chef du cabinet de Mechichi. NDR) m’a contacté ce matin pour me demander pourquoi notre ministère n’avait pas réagi aux décisions annoncées. Je lui ai dit que nous n’allons pas réagir avant de nous réunir avec la commission de la santé et d’écouter les intervenants du secteur », a souligné le ministre.
Et de pousser la provocation à l’extrême: « Non je ne fermerai pas les espaces, je n’ai rien signé dans ce sens », insiste-t-il.
Ajoutant en bombant le torse : « Nous sommes le ministère de la Culture et non le ministère de la mise en œuvre des communications gouvernementales ». Et la solidarité gouvernementale dans tout cela?
Walid Zidi était-il grisé par le rassemblement de plusieurs activistes du monde de la Culture lundi 5 octobre devant la Cité de la Culture pour s’opposer ainsi à ces nouvelles dispositions? Au point de rejoindre la foule pour soutenir ses doléances et affirmer dans la foulée qu’il s’opposera aux décisions gouvernementales?
Du jamais vu
Disons pour conclure que face à cet acte de désobéissance et de rupture avec la solidarité gouvernementale, du jamais vu dans las annales de la République, Hichem Mechichi n’avait pas d’autre choix que de limoger sur le champ son ministre de la Culture.
Par conséquent, Hichem Mechichi a décidé, lundi soir, de démettre Walid Zidi, de ses fonctions. Dans la foulée, il charge le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar, d’assurer l’intérim.