Peut-on parler, à l’issue du forum libyen d’une solution libyo-libyenne? Entre possibilité et mirage… On peut croire a ses risques et périls que la réunion de dialogue inter libyen sera décisive car en Tunisie on préfère les bonnes nouvelles meme si elles pèchent par excès d’optimisme selon certains observateurs.
Certains pensent même que le président Kaïs Saïed commencerait à se rendre compte que ce qui avait été annoncé par son entourage comme un grand succès de la diplomatie tunisienne n’est en fait qu’un maillon d’une longue série de palabres dans l’attente d’un arbitrage décisif entre les USA d’un coté et la France, l’Italie et la Turquie de l’autre. Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon, en Allemagne et à Séoul, apporte son éclairage sur la solution libyenne.
En parlant du forum libyen, Elyes Kasri estime que la réunion de Tunis sur la crise libyenne permettra de réaliser quelques progrès principalement diplomatiques. Mais ce forum ne semble pas être en mesure de mettre fin d’une manière durable à la guerre civile libyenne qui dure depuis février 2011.
Ainsi, il poursuit: « Quand bien même nous voudrions que la solution soit libyenne. L’absence de constance des efforts tunisiens entre autres, de même que les signaux contradictoires au sujet de la neutralité de la Tunisie envers les protagonistes libyens depuis 2011. Tout cela a contribué à l’arrimage de la crise libyenne aux velléités hégémoniques économique, politique et militaire de plusieurs puissances et acteurs régionaux dont les intérêts semblent prendre le dessus sur les intérêts des protagonistes libyens; en dépit des discours de circonstance. »
Avant d’ajouter: »Compte tenu de la collision des intérêts de puissances et acteurs régionaux en Libye, la solution ne pourra malheureusement être qu’extra libyenne tant les intervenants étrangers sont devenus partie intégrante de ce conflit. A coté des intérêts des anciennes puissances coloniales, les deux facteurs les plus offensifs sont la nébuleuse islamiste et la Turquie dont la marge de manœuvre dépendra de la politique régionale de l’administration Biden vis a vis de l’OTAN, de la Méditerranée et de l’islamisme politique. L’OTAN ayant été en « mort cérébrale » sous l’administration Trump et l’Union Europeenne négligée en tant que partenaire international, les différends sécuritaires et énergétiques entre les membres de l’alliance atlantique (notamment la Turquie, la France et l’Italie) n’ont pas pu faire l’objet d’un arbitrage conséquent a l’échelle globale ce a permis un activisme effrénée turc et a même ouvert une brèche pour la Russie sur le flanc sud de l’OTAN. La formulation des axes et orientations de la diplomatie américaine sous l’administration Biden et la reprise du dialogue stratégique avec les alliés au sein de l’OTAN principalement européens et en premier lieu la France et l’Italie, permettront de savoir si la crise libyenne ira de mal en pis ou une fin de recréation pour l’activisme turco-islamiste en Libye et dans le bassin méditerranéen ainsi que les régions nord, sahélienne, centrale et occidentale du continent africain. »