Dans tous les domaines de la vie, il arrive que la nature dévie de sa « normalité » pour donner ce que l’on peut appeler une incongruité positive. Un génie qui se distingue du reste de l’humanité par un talent exceptionnel qui lui permet de laisser son empreinte. De prendre sa place dans le registre des hommes exceptionnels. Dans les sciences physiques, il y a Newton et Einstein. Dans l’astrologie, il y a Galilée et Copernic. Dans la médecine, il y a Hippocrate et Louis Pasteur. Dans l’art, il y a Leonard de Vinci et Vincent Van Gogh. Et dans le football, il y a Diego Armando Maradona.
Evidemment, Diego Armando Maradona n’est pas le seul grand joueur. Il est souvent cité à côté de Pelé et de son compatriote Messi. Mais dans ces comparaisons, des faits importants sont souvent ignorés : Pelé avait avec lui d’excellents joueurs de la stature de Carlos Alberto, Tostao, Jairzinho et Rivelino. Les meilleures performances de Messi étaient quand il évoluait à côté d’Andrès Iniesta et Xavi Hernadez. Maradona était le seul joueur qui portait toute l’équipe sur ses épaules. C’était un magicien. Un magicien venu d’une autre planète.
Rappelons-nous Napoli. Avant l’arrivée de Maradona, le football italien était dominé par les équipes du Nord du pays. Aucune équipe du sud n’avait jamais remporté le moindre titre national et encore moins international. Mais quand il arriva à Naples en 1984, Maradona révolutionna la carte du football italien. Il fit d’une équipe très modeste une grande équipe qui traite avec les grands, accumulant les titres et participant aux compétitions internationales.
Une adulation trop lourde à gérer
En effet, aucun sportif en Italie ou dans le monde n’a été adulé comme l’était Maradona à Naples. Ses fans étaient si subjugués par ses talents de magicien du ballon rond, qu’ils transformèrent leur adulation en une religion. Ils fondèrent l’église maradonienne qui rivalise à Naples avec les églises catholiques.
Cette immense adulation était visiblement trop lourde à gérer par ce joueur né dans un bidonville pauvre et misérable de Buenos Aires. C’est peut-être ce qui l’a déstabilisé. C’est peut-être ce qui l’a poussé vers les excès de drogue, d’alcool et de malbouffe, entraînant obésité, maladies et mort précoce.
Maradona est mort physiquement, mais il restera vivant dans les mémoires. Pas seulement dans les mémoires de ses fans, mais de tous ceux qui aiment le football. Les annales du football garderont sans doute pendant des siècles à venir les deux buts les plus célèbres de Maradona.
C’était en quart de finale de la coupe du monde de 1986 à Mexico qui opposait l’Argentine à l’Angleterre et qu’arbitrait le Tunisien Ali Ben Nasser. Le premier but était marqué par « la main de Dieu ». Il est maintenant admis qu’il a bien été marqué par la main de Maradona et non celle de Dieu.
Une statue à l’Azteca Stadium
Le deuxième but était déjà classé par la FIFA comme « le but du siècle ». C’est un but inoubliable. Une performance qu’aucun joueur n’a pu égaler. Une réalisation difficile à reproduire. Car le magicien Maradona a placé la barre trop haut. Quel joueur aujourd’hui peut-il parcourir 70 mètres avec le ballon, dribbler cinq défenseurs, laisser le gardien étendu sur le dos et mettre le ballon dans le filet ? C’est ce que Maradona a fait avec les défenseurs anglais et le gardien Peter Shilton.
Le but était si extraordinaire que les responsables mexicains ont érigé une statue de Maradona marquant le « but du siècle » à l’entrée de l’Azteca Stadium où a eu lieu le fameux match.
29 ans après, Maradona débarqua à Tunis pour le tournage d’une publicité. Il a tenu à voir Ali Ben Nasser, l’arbitre du match le plus mémorable que le magicien argentin ait jamais joué. Maradona passa l’après-midi avec sa femme chez Ali Ben Nasser. Il lui offrit le fameux maillot numéro 10 avec cette dédicace : « To my eternel friend Ali » (A mon ami éternel Ali).
« On a passé un moment agréable. Je lui ai dit ce jour-là, ce n’est pas l’Argentine qui avait gagné, mais lui, Maradona. C’était un génie. Une légende du football », a commenté Ali Ben Nasser, cité par l’AFP.