Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur Kaïs Saïed Président de la République Tunisienne
Par Neila Charchour, citoyenne tunisienne
Depuis le 12 février je vous ai écrit une lettre pour vous proposer une demande politique bien précise et j’ai émis le souhait, dans la mesure du possible, d’en parler avec vous de vive voix.
Je suis donc allée au palais de Carthage pour déposer ma lettre. Du temps de Ben Ali, on recevait les citoyens dans un bureau d’ordre organisé selon le type des demandes par des agents professionnels.
Là, j’ai été reçue dans une guérite à l’extérieur du palais par un simple agent de sécurité qui a été très étonné que je lui demande une décharge ou au moins un accusé de réception. Impossible ! L’agent n’a pas de tampon officiel et n’est pas habilité à le faire. Il a même refusé de donner son nom.
J’ai essayé de suivre par téléphone le parcours de ma lettre. Personne n’en sait rien. Personne ne vous passe le service du protocole. Personne ne vous donne son nom. Je n’ai donc jamais su si ma lettre était bien arrivée entre vos mains Monsieur le Président.
Quand on sait que vous êtes connu pour recevoir tout citoyen qui le demande. On se demande qu’elle est la procédure à suivre s’il y en a une.
On se demande aussi pourquoi le site Web de la Présidence ne contient pas une rubrique « Ecrire au Président » comme on les trouve sur les sites présidentiels de beaucoup d’autres pays. Il est important que la Présidence de la République porte et montre un intérêt aux soucis de ses citoyens.
En écoutant aujourd’hui 29 Novembre les commentaires des députés concernant leurs rapports avec la Présidence de la République, je me suis rendue compte que le silence demeure la règle et que c’est valable pour tout le monde. Si les élus ont des difficultés à communiquer avec la Présidence, que dire du simple citoyen.
Or j’affirme que d’autres Présidents étrangers, et bien que je ne sois pas citoyenne de leur pays, m’ont répondu ne serait-ce que par courtoisie. Ils ont tout simplement respecté ma dignité humaine.
Lorsqu’on sait que la communication est l’un des piliers de la démocratie, son absence ainsi que la difficulté d’accès, même à un responsable de la Présidence de mon pays, j’en suis profondément désolée et déçue. Je me sens ignorée et ma dignité humaine et citoyenne bafouée.
Comme je m’impose à rester optimiste, j’espère que l’on en finira avec les intermédiaires et le piston. J’espère que des solutions rapides et efficaces permettront aux Tunisiens d’avoir un accès à leurs élus et de retrouver ainsi « leur sentiment d’appartenance et leur dignité citoyenne. »
Je suis sûre que vous m’entendrez Monsieur le Président, vous qui avez sillonné toute la Tunisie pour écouter les Tunisiens.
Veuillez accepter, Monsieur le Président, l’expression de mon plus profond respect.
Neila Charchour
Citoyenne tunisienne