A l’occasion de la clôture du programme Leadership et Politiques Publiques , la Fondation South Mediterranean University (SMU) a tenu, le 16 décembre 2020, une session d’information aux locaux de la Mediterranean School of Business. Il s’agit d’un programme composé de 4 modules de formations dédiés aux décideurs et aux hauts fonctionnaires. Il concerne aussi les hauts dirigeants du secteur privé, de la société civile et les élus politiques. Le programme célébrera le 17 décembre 2020 l’achèvement de la formation de la 4ème promotion.
Le programme Leadership et Politiques Publiques est constitué de 4 modules de formations à savoir : l’évolution des théories et pratiques en économie de développement, les méthodes d’analyse et de choix de politiques publiques, la pratique de l’analyse des politiques publiques et l’analyse de l’action.
La session a été animée par Hédi Larbi, chercheur associé à la Kennedy School of Government de l’Université de Harvard, professeur à Sciences Politiques à Paris et ancien ministre tunisien de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable. C’est aussi lui qui a proposé et piloté la création du projet.
Nécessité de ce genre de programme
Monsieur Hédi Larbi a expliqué que la création du programme Leadership et politiques Publiques vient d’un constat établi par sa personne durant sa nomination au poste de ministre.
En effet, Il a constaté que le système mis en place ne prépare pas les fonctionnaires à gérer les affaires publiques. Il a aussi constaté que l’administration tunisienne est imprégnée d’une bureaucratie rigide et compliquée. L’ancien ministre a ajouté que les facultés forment les étudiants à gérer le secteur privé. « Il n’y a pas d’équivalent pour le secteur public » a-t-il affirmé. Il a ajouté que l’Ecole nationale de l’administration utilise encore des méthodes d’enseignement classiques.
De plus, Monsieur Larbi a précisé que les modèles de bonnes pratiques et de bonne gestion des affaires publiques présentés par la Banque Mondiale de Développement ou l’Union Européenne ne sont pas applicables. Il a estimé que ces modèles ne correspondent pas à la réalité tunisienne.
Afin de mettre en place un modèle adéquat, le chercheur a observé et étudié durant 2 ans la situation en Tunisie. Il s’est aussi inspiré du modèle anglo-saxon. Il a insisté sur l’importance de développer la capacité d’analyse et de formulation de constats. Le programme permettra aux participants de développer des propositions et des solutions, les évaluer et négocier pour leur application.
L’ancien ministre a confirmé qu’un tel programme permettra d’améliorer la qualité du service public. En conséquence, le coût de ce dernier diminue.
Enfin, Monsieur Larbi a averti du manque de cadres formés en politiques publiques. Il a annoncé que l’administration publique a besoin de 500 à 700 cadres formés en la matière. De même, il a révélé qu’entre 30% et 40% des directeurs généraux partiront à la retraite d’ici 5 ans. « Comment allons-nous procéder à leur remplacement si nous n’avons pas de cadres bien formés ? » s’est-t-il interrogé.
Une Formation gratuite et sélective
Durant la session, Hédi Larbi a précisé que le programme Leadership et politiques Publiques de formation a été créé en partenariat avec la Fondation SMU, la Fondation Hédi Bouchamaoui, Vermeg, la Fondation Kamel Lazaar, la Banque Mondiale et la BIAT.
Nadia Kallel, directrice de la fondation SMU, a précisé que l’organisation fournit un accès gratuit pour les participants et l’équipe d’enseignants aux locaux de la MSB. Elle apporte le soutien logistique au programme. Elle a expliqué que les autres organismes cités fournissent le financement pour la préparation de support et pour le déroulement du programme.
Le programme dure 4 mois à raison d’une semaine de formation par mois. Le programme propose 25 heures de cours durant cette semaine.
Selon la présidente de la fondation SMU, en moyenne 40 cadres sont formés par promotion. En effet, le programme a permis de former 80 participants entre 2018 et 2019. La fondation espère atteindre le chiffre de 400 cadres formés d’ici 2025. A ce sujet, Hédi Larbi a porté les éclaircissements concernant la sélection des candidats. D’abord, un courrier est envoyé aux administrations publiques pour les informer de l’ouverture de la session de candidature. Ensuite, les personnes qui désirent participer remplissent un formulaire et l’envoient par internet. Enfin, un système de grille trie et sélectionne les candidats retenus.
En ce qui concerne la formation, Hédi Larbi a estimé que la formation d’un cadre coûte 5 mille dinars. Il a considéré que le coût est l’un des éléments les plus attirants du programme. Effectivement, le coût représente le 1/6ème des frais d’une semaine de formation dans une université américaine. A titre d’exemple, une semaine de formation en politiques publiques coûte 10 mille dollars à Harvard. Ou encore, le coût représente le tiers d’une semaine de formation en France (6 mille euros).
Le programme dans le futur
La fondation SMU espère élargir le programme et exporter l’approche vers plus de cadres et plus d’administrations étatiques. Elle considère la possibilité de former 400 cadres d’ici 2025.
En ce qui concerne les collectivités locales et leur rôle dans la mise en place de politiques publiques, Hédi Larbi a considéré qu’il faudrait mettre en place un autre programme. Il a jugé qu’il n’y a pas de cadres formés à la chose au niveau des structures locales. Pour y remédier, l’ancien ministre a affirmé qu’il faudrait recruter 300 cadres et les former pendant 6 mois.