En attendant que la justice se prononce sur le scandale des déchets d’Italie illégalement introduits. Et qu’elle délimite la responsabilité des uns et des autres. Des « têtes sont tombées », dont celle du ministre des Affaires locales et de l’Environnement. En effet, on apprenait son limogeage brutal, hier dimanche.
Ainsi, ce fut un dimanche maussade pour le ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mustapha Laroui. Puisqu’il recevait de plein fouet le contrecoup de ce qu’on appelle désormais l’affaire des déchets d’Italie.
Effectivement, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, le limogeait. Puis chargeait, dans la foulée, Kamel Edoukh, le ministre de l’Équipement, de l’Habitat et de l’Infrastructure d’assurer l’intérim. Et ce, via un laconique communiqué publié dimanche 20 décembre 2020. Sans toutefois mentionner les motivations de ce limogeage.
Ainsi, c’est la deuxième fin de mission qu’assume le locataire de la Kasbah; depuis sa prise de fonction le 2 septembre dernier. Après avoir écarté le bouillant ministre de la Culture, Walid Zidi, pour indiscipline et immaturité politique.
Une sale affaire
Et c’est dans le cadre des déchets italiens illégalement introduits d’Italie, le pire scandale écologique de l’histoire de la Tunisie, que s’inscrit le récent limogeage du ministre de l’Environnement. Somme toute le premier responsable de ce dossier brûlant. Et à la tête d’un département pointé du doigt depuis quelques mois pour soupçons de corruption.
Sachant que le chef du gouvernement n’a pas attendu lundi pour passer à l’acte, c’est dire qu’il y avait urgence.
Bouc émissaire?
Car rappelons que début novembre, M. Mechichi démettait déjà de ses fonctions Fayçal Bedhiefi, le DG de l’Agence nationale de gestion des déchets(ANGED). Le remplaçait, le 15 décembre, Basma Jebali, ancienne secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, dans le gouvernement de Youssef Chahed.
Néanmoins, l’opinion publique percevait le limogeage de l’ex-patron de l’ANGED, qui a toujours clamé son innocence, comme une opération politicienne de diversion; visant à lui faire porter le chapeau. Et ce, afin d’amortir le choc des révélations au grand public par Elhiwar Ettounsi. Autour de cette affaire d’importation de déchets italiens par une société tunisienne établie à Sousse.
Or, il n’y a aucun doute que le limogeage du ministre de l’Environnement est consécutif à l’enquête administrative du ministère des Finances. Elle confirme l’implication du ministère des Affaires locales et de l’Environnement, ainsi que des services douaniers, dans cette affaire de corruption.
D’ailleurs, c’est une conclusion que confirme le président de la commission parlementaire de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption, Badreddine Gammoudi. A ce propos, il faisait une déclaration, à l’issue d’une séance d’audition tenue le 9 novembre 2020. En affirmant « ne pas être convaincu par les explications du ministre des Affaires locales et de l’Environnement dans cette affaire ». Puis de déclarer plus tard sur les ondes de Shems FM: « Le ministre a tenté de présenter un bouc émissaire pour camoufler cette affaire et faire taire l’opinion publique. »
Un crime crapuleux dont souffre l’environnement
En outre, faudra-t-il rappeler que l’entreprise tunisienne bravait les lois interdisant l’import des déchets ménagers; en concluant un accord avec une entreprise italienne. Et ce, pour l’import de 120.000 tonnes de déchets par an. Soit l’équivalent des déchets produits par le Grand Tunis durant 15 jours, pour 48 euros par tonne. Le montant total du marché étant de l’ordre de 18 millions de dinars par an.
Et fait encore plus grave, elle déclarait importer des déchets plastiques industriels. Alors qu’en vérité, il s’agissait de déchets ménagers, ainsi que des déchets hospitaliers. Lesquels sont extrêmement nocifs pour l’environnement. Sachant que cette entreprise tunisienne est spécialisée dans le recyclage des déchets plastiques industriels. Et qu’elle est sise dans la zone industrielle de Sidi Abdelhamid à Sousse.
D’ailleurs le responsable de la dite société aurait pris la poudre d’escampette, tels les rats qui quittent le navire. Lamentable.