Samedi 19 décembre, des informations officielles ont fait état d’une arrestation d’un terroriste. Il avait pris des leçons en ligne sur la fabrication d’explosifs et autres produits dangereux. Selon ces informations, des « loups solitaires » se préparaient à commettre de « graves actions terroristes ».
Cette arrestation n’a pas pu empêcher le crime terroriste commis le dimanche 20 décembre à Jebel Semmama. Un berger d’une trentaine d’années était décapité devant son frère et son cousin horrifiés. Après les avoir obligés à regarder la décapitation du berger, les sept terroristes les ont libérés.
Le but de la libération du frère et du cousin de la victime est clair: envoyer à la population et à l’opinion des témoins oculaires qui relateront les détails de l’horrible décapitation du berger. De toute évidence, les terroristes voulaient diffuser le sentiment de peur et d’insécurité au sein de la population environnante. Ils voulaient également signifier à l’opinion et aux autorités qu’ils sont encore là. Que les longues campagnes de lutte anti-terroriste n’ont pas pu nettoyer les montagnes de l’ouest du pays de cette gangrène.
Difficile de trancher
Et de fait, on ne peut pas ne pas se poser la question. A savoir comment des groupes de quelques centaines de terroristes tout au plus ont pu survivre pendant des années, reclus dans des grottes de montagnes? La frontière ouest étant hermétiquement fermée par l’armée algérienne, il ne reste aux terroristes que les villages environnants disséminés au pied de la montagne pour s’approvisionner en nourriture et autres produits indispensables à la vie.
Difficile de trancher si ces terroristes bénéficient d’un environnement social accueillant qui les prend secrètement en charge? Ou s’ils pillent au milieu de la nuit, sous la menace, les maigres provisions des pauvres villageois? Une chose est sûre, sans un approvisionnement volontaire ou forcé, les terroristes ne peuvent pas survivre pendant des années dans des grottes. Surtout avec les températures glaciales de l’hiver.
Dense, agressif et arrogant
Par ailleurs, on ne peut mettre en doute la détermination de nos forces de sécurité et de notre armée à éradiquer ce fléau qui mine le pays depuis dix ans. Sans doute, le terrorisme n’était pas inexistant sous l’ancien régime. Mais la « révolution », en permettant à l’islam politique de s’implanter dans toutes les structures étatiques, a, dans le même temps, permis au terrorisme islamiste de gagner en densité, en agressivité et en arrogance.
Mais si l’armée et les forces de sécurité sont déterminées à mettre le terrorisme hors d’état de nuire, peut-on en dire autant de la classe politique? Contrairement à l’armée et aux forces de sécurité, on ne peut pas dire que la classe politique est homogène face au fléau terroriste. Loin s’en faut.
Certes, au niveau du discours, tous les partis et tous les politiciens sans exception jurent la main sur le cœur qu’ils œuvrent nuit et jour pour une Tunisie libérée de l’hydre terroriste.
Dans la pratique, sauf à être de mauvaise foi, on ne peut nier que le terrorisme est soutenu par certaines organisations politiques et certaines personnalités. Celles-ci n’ont pas seulement pignon sur rue; mais sont aussi présentes au sein de la plus importante institution politique du pays : le parlement.
Incongruité parlementaire
Juste quelques jours avant le dernier acte terroriste, le Parti destourien libre de Abir Moussi s’est battu avec force pour obtenir la fixation d’une date pour une Assemblée générale qui voterait une résolution condamnant le terrorisme et ceux qui le soutiennent. Au jour et à l’heure prévus, seuls 48 députés ont répondu présent. Le quorum n’étant pas atteint, il n’y a eu ni Assemblé générale ni vote.
Comment qualifier cette incongruité parlementaire sinon comme une victoire pour le terrorisme? Comment peut-on faire confiance à des députés qui considèrent leur collègue Abir Moussi comme « plus dangereuse » que le terrorisme?
Un triste constat s’impose. Aussi déterminées soient-elles, notre armée et nos forces de sécurité n’arriveront jamais à nettoyer le pays du terrorisme tant que ce fléau a ses défenseurs au sein de la classe politique. On ne peut pas être à la fois intolérant avec le terrorisme et tolérer ses représentants actifs dans la scène politique.