Le ministère des Affaires étrangères vient d’opposer un « démenti sans appel » à l’affirmation véhiculée par le sérieux The New York Times. Selon laquelle la Tunisie pourrait se joindre aux pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Tel-Aviv. Une simple rumeur ?
Coup de tonnerre médiatique : la Tunisie et le Sultanat d’Oman pourraient être les prochains pays qui normaliseront avec Israël. On aurait pensé qu’il s’agisse d’une mauvaise blague, sauf que la source ne provient pas d’un vulgaire tabloïd de quatre sous, mais du prestigieux The New York Times, le quotidien new Yorkais qui fait référence dans le monde entier, récompensé par 130 prix Pulitzer.
La Tunisie sur la liste ?
Ainsi, le média américain vient de révéler que la Tunisie est sur la liste des pays arabes qui pourraient marcher sur les pas des capitales ayant normalisé avec Tel-Aviv. « Des responsables en lien avec les accords d’Abraham ont estimé que la Tunisie et le Sultanat d’Oman seront les prochains à rejoindre ces traités ». Lit-on sur les pages de ce quotidien dans son édition du lundi 21 décembre 2020.
A savoir que les accords d’Abraham sont deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le premier, entre Israël et les Émirats arabes unis, a été annoncé le 13 août 2020 par le président des États-Unis Donald Trump.
Dans la foulée, le Maroc avait annoncé qu’il allait normaliser ses relations avec Israël. En contrepartie, les États-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La décision de Washington fut qualifiée par Rabat de « prise de position historique ».
« Il est également possible que le cercle des pays s’élargisse pour inclure des pays d’Asie et subsaharien en Afrique, même après le départ du président américain Donald Trump en janvier prochain », ajoute The New York Times.
Paix marchandée
En effet, en fin de mandat et juste avant de quitter la Maison Blanche, le président sortant Donald Trump avait déplacé l’ambassade US à Jérusalem en dépit des résolutions onusiennes. Il avait aussi accéléré sa stratégie résolument pro-israélienne visant à pousser vers la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes.
Déjà, il peut se targuer d’avoir épinglé à son tableau de chasse le Maroc, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn et le Soudan. A qui le tour ?
Notons au passage que l’administration américaine avait « admirablement » su manier la politique de la carotte et du bâton. En clair, la normalisation marchandée.
Ainsi, le Soudan a été miraculeusement retiré de la liste des pays qui financent le terrorisme.
Abou Dhabi a pu acquérir l’avion de chasse furtif de type F-35 que seul Israël possède dans la région, alors que Rabat a obtenu la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara Occidental.
Ambigüité
Rappelons à ce propos l’ambiguïté de la position tunisienne sur la normalisation. Ainsi, interpellé sur cette éventualité lors de son séjour parisien, le Chef du gouvernement, Hichem Mechcihi, affirmait qu’« elle n’est pas à l’ordre du jour », ajoutant « ne pas avoir eu d’écho de pressions de la part de l’administration Trump pour suivre la voie du Maroc et des Émirats ».
Le niet de l’UGTT
Il convient de rappeler que l’UGTT a réitéré le 22 décembre « son rejet de toute relation avec l’entité sioniste, sous quelque prétexte que ce soit, politique, économique, culturel, académique ou autres ».
La centrale syndicale considère « les justifications avancées par certains, et liées à des séductions en termes d’investissement, d’incitation au tourisme, et d’appui financier, comme des chimères prônées par les tenants de la normalisation pour garantir leurs intérêts avec l’entité sioniste et les pays parrains, les Tunisiens n’en récolteront que plus de paupérisation, d’exploitation et de pillages des richesses de leur pays », lit-on dans le communiqué de l’UGTT.
« Démenti sans appel »
Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Tunisiens à l’étranger a apporté un « démenti sans appel », dans un communiqué rendu public, mardi 22 décembre 2020, « suite aux informations relayées par quelques médias concernant la possibilité d’établir des relations diplomatiques entre la Tunisie et l’entité sioniste ». Et d’ajouter que « ces informations, n’ayant aucun fondement, sont contraires à la position officielle et immuable de la Tunisie et de son chef d’Etat qui soutiennent la cause palestinienne et le droit du peuple palestinien à recouvrer sa liberté et sa souveraineté légitimes ».
Nous voulons bien vous croire messieurs les diplomates, mais peut-il y avoir une fumée sans feu ?
A suivre.