Le Forum Ibn Khaldoun a présenté et discuté récemment une étude élaborée par Amel Medini, présidente du Conseil de la BH. Elle s’intitule: « Réformes du secteur bancaire tunisien et restructuration des banques publiques ».
Ainsi, il ressort de cette étude sur le secteur bancaire que les réformes entreprises ont eu un impact positif. Et ce, à la fois sur la gouvernance des banques et sur l’amélioration de leur solidité financière. Toutefois, ces efforts doivent être, selon la même étude, poursuivis par les divers intervenants. A savoir l’Etat, la BCT et les banques elles-mêmes, pour développer le secteur et renforcer son soutien à l’économie.
Pistes de réflexion
Au final, l’étude a présenté certaines pistes de réflexion. Elles peuvent servir à la poursuite des réformes et du développement du secteur bancaire; et ce, à la suite à la crise sanitaire de la Covid-19. Celle-ci s’ajoute à la crise économique et à l’environnement politique et social du pays.
Car, « elle va forcément impacter négativement la situation financière des banques à cause de la période de confinement. Celle-ci a entrainé une baisse de l’activité; mais aussi suite aux mesures prises par le gouvernement pour le soutien des individus et des entreprises ». C’est ce qu’on peut lire dans la conclusion.
La première piste consiste à engager rapidement les réformes nécessaires et la restructuration des entreprises publiques permettant de les assainir et de les redresser. Ceci va permettre au secteur financier de recouvrer les créances auprès de ces entreprises. Et de les soutenir dans leurs programmes de développement. Il y a lieu également d’envisager la privatisation de certaines entreprises publiques.
PME et les banques
Par ailleurs, selon la même étude, il y a nécessité de trouver les solutions adéquates aux secteurs économiques connaissant des problèmes conjoncturels ou structurels. Il s’agit notamment du secteur touristique, de la promotion immobilière. Mais aussi du bâtiment et des travaux publics, dont l’impact sur le secteur bancaire peut être important. Avec un taux de mortalité très important pour les PME du BTP. Et ce, à cause du non-paiement par les structures publiques des travaux réalisés par ces entreprises.
Puis, s’agissant des relations entre les PME et les banques, l’étude a recommandé d’œuvrer à faciliter l’accès des PME au financement et à la liquidité. L’objectif consiste à les aider à améliorer leur compétitivité. A travers notamment: la baisse du taux d’intérêt; la recherche de lignes de financement adaptées aux besoins des PME; un meilleur accompagnement des PME pour la préparation de leurs dossiers de financement; la révision du système de garantie de la Sotugar…
En effet, le développement de nouveaux marchés pourrait aussi garantir la pérennité les entreprises et soutenir les entreprises tunisiennes dans leur développement à l’extérieur et surtout en Afrique.
Coté banques, l’étude a souligné la nécessité de renforcer les fonds propres des banques, pour asseoir leur solidité et leur soutien à l’économie. Et d’ajouter qu’il faut travailler beaucoup plus sur le volet de la gestion des ressources humaines au niveau des banques publiques pour améliorer le rendement (management des métiers; gestion par objectifs; rémunération en fonction du rendement effectif; évolution de carrière basée sur le mérité; système de motivation et de sanction adéquat…)
En matière de fiscalité, il y a aussi nécessité de réviser le régime fiscal du secteur bancaire et les procédures du contentieux judiciaire. Pour éviter la lenteur et la complexité de ces procédures et améliorer le recouvrement des créances.
« Un secteur déjà hyper réglementé ! »
Commentant cette étude sur la réforme du secteur bancaire tunisien, Rached Fourati, Président du Conseil de l’Amen Bank affirme, dans ses réflexions complémentaires, que « la route des réformes est encore longue! La route des textes l’est aussi ».
Et d’ajouter que « ces réformes appliquées à un secteur déjà hyper réglementé n’ont pas permis de renforcer fortement et durablement leurs fonds propres ».
Rached Fourati a considéré que ces réformes n’ont pas, non plus, permis aux banques de sortir du provisionnement mécanique des créances litigieuses et qu’elle n’ont pas, non plus, permis aux banques de la place de « s’émanciper » un peu plus de la tutelle de la BCT et être encore plus responsables de leurs choix et décisions.
Pour lui, ces réformes n’ont pas pu ou su mettre en place des dispositions ou des procédures d’urgence cohérentes et efficaces. Et elles se sont conjuguées avec une surimposition des bénéfices des banques.