Tandis que le Président de la République campe fermement sur sa position concernant le dernier remaniement ministériel. Certaines voix appellent au désistement volontaire des ministres concernés. Seul moyen à leurs yeux de dénouer la crise du pouvoir exécutif.
La problématique de la prestation de serment des 11 ministres, adoubés à une confortable majorité par le pouvoir législatif, mais snobés jusqu’à ce jour par le président de la République, semble prendre une tournure juridique. Désormais, le pouvoir exécutif bicéphale expose plus que jamais sa désunion.
Avis juridique
Ainsi, nous venons d’apprendre que la justice administrative recevait hier, lundi 8 février, une correspondance de la présidence du Gouvernement. Et ce, pour avis consultatif sur le problème de la prestation de serment des ministres. C’est ce qu’annonçait le porte-parole du Tribunal administratif, Imed Ghabri.
Mais, le Tribunal administratif est-il compétent pour trancher dans cette affaire? En l’absence de la Cour constitutionnelle renvoyée sciemment aux calendes grecques, en raison de calculs partisans.
D’autant plus que l’article 101 de la Constitution est très clair sur le sujet. Il stipule en effet que: « Les conflits de compétence entre le président de la République et le chef du Gouvernement sont soumis à la Cour constitutionnelle. Celle-ci statue dans un délai d’une semaine, sur demande de la partie la plus diligente ». Alors, nous ne sommes pas sortis de l’auberge au sein de l’exécutif!
« Les choses ont pris du retard »
Il convient de signaler à ce propos qu’avant de recourir à l’arbitrage du Tribunal administratif, le chef du gouvernement Hichem Mechichi avait dit adresser le 5 janvier en cours une correspondance à la présidence de la République. Et ce, pour fixer la date de prestation de serment des nouveaux ministres. Tout en formant l’espoir d’avoir une suite favorable. Mais, pas de réponse à ce jour.
En effet, le chef du gouvernement déclarait le 6 janvier aux médias ne pas disposer de données « officielles »; et ce, sur la nature des réserves émises contre les ministres concernés par le dernier remaniement. Il s’exprimait en marge d’une cérémonie d’hommage au champion international de plongée en apnée Walid Boudhiaf. « Les choses ont pris du retard », constatait-il. Dénonçant au passage un « blocage » dans le processus politique.
Silence radio de la part du locataire du palais de Carthage.
Stupide faute de frappe
Bis repetita. En raison du silence assourdissant, pour ne pas dire humiliant du Président, Hichem Mechichi lui adressa une deuxième correspondance. Elle visait à l’inviter à fixer une date pour la prestation de serment. Le chef de l’Etat, droit dans ses bottes, a-t-il pris ombrage, en prenant cette deuxième correspondance comme un ultimatum?
Toujours est-il que la dite correspondance a été rendue à l’envoyeur, hier lundi. Et ce, en raison d’une erreur qui s’est glissée quant au destinataire du courrier. Ainsi, une radio locale évoquait la situation; en citant une « source auprès de la présidence de la République ».
En effet, la lettre envoyée portait la mention « A l’attention du chef du gouvernement »; au lieu de « A l’attention du président de la République ».
Ainsi, la correspondance envoyée par le chef du gouvernement Hichem Mechihi au sujet du remaniement fut rejetée; et ce, en raison d’une stupide de faute de frappe. Idem de la correspondance envoyée la semaine dernière par le Parlement pour l’informer du vote favorable au remaniement ministériel. Elle était rejetée pour inexactitude de la date. Décidément, l’ancien professeur du droit constitutionnel ne badine pas avec les « détails »…
La voix de la sagesse
Y a-t-il donc moyen de débloquer cette crise inédite entre les deux têtes de l’Exécutif, en totale divergence au sujet du remaniement ministériel?
Alors, prenant à contrepied la position d’Ennahdha, adepte de passage en force, Samir Dilou, l’un des frondeurs les plus éclairés du Groupe des 100, est d’avis qu’il n’est pas préférable d’entrer en confrontation avec le Président de la République. Et d’opter pour une solution médiane afin de sortir de la crise. « Il faut que les quatre nouveaux ministres faisant l’objet de suspicion de corruption ou de conflit d’intérêts se retirent volontairement », préconise-t-il.
Au final, et si cela était effectivement la meilleure issue pour sortir de la crise au sommet de l’Exécutif?