Le feuilleton tragique de la BFT vient de connaître un nouveau rebondissement, avec l’accusation de falsification portée par l’Etat contre de sombres intermédiaires dans cette affaire de gros fric dilapidé pendant des décennies.
L’Etat soutient que la copie remise aux instances internationales d’arbitrage est une fausse copie. Le document en question est un rapport élaboré par l’IVD à ce sujet, rapport qui enregistre les manquements, mais aussi, semble-t-il, les réponses apportées lors de la préparation de ce rapport. L’entourloupe aurait même transité par le Journal Officiel de la République Tunisienne, ce qui n’est pas peu dire.
Le plaignant aurait donc pris la partie tunisienne la main dans le sac, comme on dit dans les conseils de discipline qui jugent des élèves indélicats. Il se trouve seulement que, dans le cas des élèves, les sentences soient moins sévères quand il s’agit de cas isolé, sans récidive. On appelle cela des circonstances atténuantes. La main du censeur est, bien entendu, plus lourde quand « le pris la main dans le sac » n’en est pas à son premier coup.
Or, l’Etat tunisien n’en finit pas de commettre des bourdes. Il n’y a qu’à suivre le feuilleton de très mauvais goût tourné autour de la composition de ce gouvernement, et de quelques autres qui ont précédé. On pensait juste sortir de l’épisode Fakhfakh, que surgit le blocage Mechichi. Dans les deux cas, la copie présentée et adoubée par le Parlement a été recalée pour des raisons de « fausse déclaration ».
Les politiques doivent laver leur linge entre eux
Le Président ne se prive d’ailleurs pas du plaisir probablement intéressé de refuser la copie, en la renvoyant pour le moment au rattrapage. Du coup, le Chef du Gouvernement a cherché à obtenir en sa faveur l’arbitrage de constitutionnalistes, devenus dans la République des juges le nec plus ultra de la démocratie à la sauce tunisienne.
La réponse de ces derniers est on ne peut plus édifiante : les politiques doivent laver leur linge entre eux. Cela méritait d’être rappelé, surtout par ceux qui avaient participé à l’écriture de « la meilleure Constitution du monde ».
La Constitution en question ne semble pas pouvoir régler ce problème, puisqu’il lui suffit d’en avoir créé beaucoup d’autres. Il n’y a donc pas de session de rattrapage, à moins de recourir, comme on le fait depuis un moment à l’école primaire, au passage automatique. La mauvaise copie sous le bras et probablement aussi une attestation pour
« l’excellence » des résultats, toujours dans le vocabulaire de l’école primaire.
A l’école primaire, ces fanfreluches réussissent à animer les cours de récréation. Dans la vraie vie, celle du citoyen ordinaire, ces pratiques ne remplissent guère le couffin de la ménagère. Dans notre meilleur des mondes possibles, jouer les candides ne fait qu’enfoncer le clou.
D’ailleurs, nos « amis », ceux qu’on n’arrête pas de solliciter pour sauver la mise, ne se font pas prier pour nous rappeler que la récréation doit bien se terminer à un moment ou un autre, et le plus vite serait le mieux.
On peut toujours courir
Il faut dire que nous sommes en train de rater tous les examens de passage, ceux de la démocratie quelque part, mais aussi et surtout ceux du développement économique et social.
A ce propos, la Cour des Comptes relève que la pratique des fausses copies touche gravement le gardien du temple de la finance, la Banque Centrale. Celle-ci n’aurait pas eu l’amabilité de récupérer beaucoup de créances, dues essentiellement à des pénalités enregistrées sous la rubrique de la contrebande ou du blanchiment d’argent. De vagues considérations au sujet de commissions à réunir seraient à l’origine de ces manquements.
Il faut tout de même préciser que, s’agissant d’affaires bancaires, la fausse copie relève plus exactement de la fausse monnaie, que l’on appelle aussi monnaie de singe.
En théorie donc, il y a des fonds de tiroir dans les caisses, les caisses des contrebandiers et des indélicats, il faut préciser. Les observations à ce sujet peuvent se retrouver dans le rapport de la Cour des Comptes, comme on peut y retrouver les indélicats qui courent toujours avec l’argent de la BFT. Mais comme on ne demande pas à ces derniers de prêter serment, on peut toujours courir.