L’eau du barrage de Sidi Salem contaminée par les eaux usées. Une station d’épuration à proximité qui ne fonctionne pas. La couleur sombre de l’eau dégage une mauvaise odeur. Tel est le constat glaçant du député Badreddine Gammoudi. Et cela donne froid dans le dos.
Le bon Dieu nous a-t-il condamnés à boire le calice jusqu’à la lie? Après le scandale des déchets toxiques importés d’Italie où une mafia sans foi ni loi voulait transformer Carthage en une poubelle à ciel ouvert de Rome contre une poignée de dollars. Voila aujourd’hui qu’éclate à nos figures une affaire plus nauséabonde. Des cadavres d’animaux, déchets, eaux usées marâtres qui flottent sur le barrage de Sidi Salem. Lequel n’approvisionne pas moins que la capitale, le Nord-est, la région du Sahel et Sfax en eau potable. Tout cela au vu et au su de tous, gouverneur, ministère de l’Environnement et société civile y compris. Tous responsables, tous coupables!
Le pot aux roses
Et c’est un honorable député, Badreddine Gammoudi, président de la commission de réforme administrative, de bonne gouvernance, et de lutte contre la corruption au Parlement qui a découvert le pot aux roses. « Le manque de précipitations a diminué le niveau des eaux du barrage de Sidi Salem. Cela m’a permis de découvrir l’ampleur de la catastrophe. L’odeur et la couleur de l’eau prouvent qu’elle est bel et bien contaminée. Non loin du barrage, il y a une station de traitement des eaux usées qui verse l’eau directement sans aucune intervention, contaminant ainsi l’eau du barrage ». C’est le constat qu’il faisait, hier mardi, sur les ondes de Midi show.
De plus, ajoutait le député qui a posté le 5 mars des photos choquantes sur sa page FB « la station de traitement des eaux usées ne fonctionne pas. Conséquence? Elle déverse ses eaux usées et polluées dans le barrage. L’eau a une couleur sombre et dégage une mauvaise odeur. Outre les eaux versées sans traitement, les industriels de la région ne sont pas surveillés ».
Omerta sur la pollution du barrage
Bigre! Le malheur c’est que certains étaient au courant. En effet, « des rapports datant de 2019 et 2020 prouvent la contamination de l’eau et rien n’a été fait. Le problème est le même au niveau du barrage Sidi Barrak ». Ainsi témoignait avec effroi et stupeur Badreddine Gammoudi.
Qui est responsable de cette catastrophe écologique et sanitaire? « Le gouverneur de la région, le délégué chargé de l’agriculture, le directeur de la station d’assainissement de Béja, le ministre de l’Environnement et son homologue de l’Agriculture, le PDG de l’Onas et son homologue de la Sonede », répond le député.
Et de marteler: « Les autorités doivent assumer la responsabilité entière. En 2019, un délégué de la région qui a lancé l’alerte sur la dégradation de la qualité de l’eau a été directement limogé ». Voila comment on témoigne sa reconnaissance à un fonctionnaire qui n’a fait que son devoir. Dans quel monde vivons-nous? C’est triste et affligeant.
Réaction officielle tardive
A noter que le chef du gouvernement Hichem Mechichi a fini par réagir en chargeant lundi 8 mars 2021, le ministre des Affaires locales et de l’environnement et le ministre de l’Agriculture, tous les deux intérimaires, de présenter un rapport sur la pollution des eaux du barrage de Sidi Salem. Et ce, « dans un délai ne dépassant pas les 48 heures et de faire porter la responsabilité juridique aux personnes impliquées; au cas où leur implication dans ce scandale serait avérée ». Il y a urgence.
En plus du désagréable arrière-goût de l’eau du robinet que nous utilisons quotidiennement pour notre café du matin, pour se doucher ou faire la lessive, sans oublier la couleur douteuse de l’eau, excès de clore oblige, il s’avère que l’eau de robinet est intoxiquée par des eaux usées.
Pauvre de nous.