Comme attendu, la Banque centrale de Tunisie vient d’autoriser les banques à distribuer du dividende au titre de l’exercice 2019 et 2020. Néanmoins, cette opération se fera sous réserve de deux conditions. A savoir: un ratio de solvabilité minimum de 12,5% et un ratio de fonds propre de base minimum de 9,5% (post-distribution pour les deux normes prudentielles). Ainsi qu’un montant de dividende ne dépassant pas 35% des bénéfices cumulés des deux exercices.
Certes, c’est une très bonne nouvelle pour les actionnaires des établissements de crédit. Sachant qu’en 2019, le dividende et le rachat d’actions étaient suspendus. Et ce, afin de permettre au secteur de résister dans un environnement plein d’incertitudes.
Qui sont les principaux bénéficiaires de dividende?
Les banques résidentes ont attaqué 2020 avec des fondamentaux en nette amélioration. Le ratio de solvabilité était à 13,2% et celui Tier 1 à 10,7%. 20 banques affichaient une solvabilité supérieure au minimum réglementaire (10%) et un ratio de fonds propres de base en dépassement du seuil minimal (7%).
La majorité des banques seraient donc capables de payer des dividendes, au moins au titre de 2019. Le vrai point d’interrogation reste la liste des banques qui pourraient chouchouter leurs actionnaires avec un double dividende 2019-2020.
Cela suppose un ratio de solvabilité très confortable en 2019. Ce qui est le cas essentiellement de quatre établissements: la BNA (18,16%); la Banque de Tunisie (16,76%); Amen Bank (15,01%); et Attijari Bank (14,15%). A l’exception de la banque publique qui n’a pas rémunéré ses actionnaires depuis des années par souci de consolider ses fonds propres, les trois autres banques ont bien les moyens d’annoncer un dividende intéressant.
Nous tenons à préciser que cette liste n’est pas exhaustive. Car nous n’avons pas la situation de toutes les banques. Et nous n’avons pas d’idées sur la situation à fin 2020, une année marquée par une hausse inédite des risques.
Les loueurs en bonne posture
La circulaire de la BCT ne concernait uniquement pas les banques, mais également les compagnies de leasing. Ces dernières sont plus exposées aux risques. Elles ont une seule activité et n’ont pas de marges en termes de financement. Le coût de refinancement a frôlé les deux chiffres en 2019. Et la plupart des sociétés ont préféré réduire le volume d’activité afin de mieux gérer leur endettement.
Ainsi, en 2020, la qualité des actifs s’est fortement dégradée et les créances classées seraient de 426 MTND. Mais cela ne signifie pas que les loueurs ne respectent pas les normes prudentielles. Fin 2019, le ratio de solvabilité du secteur s’est établi à 16% et le ratio Tier 1 était de 11,8%. La constitution de provisions n’affecterait que modérément ces normes. Ces niveaux satisfaisants permettent clairement aux compagnies de leasing de distribuer des dividendes à leurs actionnaires qui peuvent même rêver de quelques bonnes surprises.
Innover dans la distribution
Les établissements de crédit qui ne pourraient pas être aussi généreux peuvent créer la surprise en modifiant leurs stratégies de distribution. En effet, ils peuvent opter pour les actions gratuites, très attractives pour les institutionnels. Lesquels ne sont pas nécessairement en quête de cash immédiatement.
De plus, il existe une autre méthode qui peut alléger le poids de sortie de trésorerie sur les ratios prudentiels. Ce serait de donner la possibilité à l’actionnaire de choisir entre percevoir son dividende en numéraire ou en actions. C’est une technique qui peut être alléchante, car il y a des considérations fiscales. Et les actionnaires de référence peuvent donner l’exemple en acceptant un paiement partiel en actions. Cela sera un signal fort envers leurs engagements vis-à-vis de l’établissement.
D’ici le coup d’envoi des Conseils d’Administration de ces institutions, les cours des banques et des compagnies de leasing cotées en Bourse devraient bénéficier d’une bonne semaine. L’indice des sociétés financières s’est plié de 3 ,51% depuis le début de l’année. Le Tunindex peut enfin espérer retrouver le territoire positif.