Nouvelle augmentation, le 2 avril 2021, du prix du lait. Une augmentation qui s’ajoute à d’autres annoncées ou à venir. Et qui appellent quatre remarques. Que nos gouvernants, quelquefois défaillants, ne peuvent ignorer. Analyse.
Après avoir un tant soit peu tergiversé, le ministère du Commerce a décidé d’augmenter le prix du litre de lait. Produit, parmi d’autres, il faut le rappeler, nécessaire à la croissance des jeunes. Que le chef de famille est obligé donc d’acheter pour nourrir ses enfants. A moins qu’un ministre en charge du secteur vienne nous dire un jour que le lait ne fait pas partie de nos traditions alimentaires.
Un produit de plus, sommes-nous tentés de dire, dans cette flambée des prix actuelle et plus ou moins annoncée. Avec l’intention de réviser dans un prochain avenir les prix des denrées de base et des hydrocarbures. Une des injonctions, pour ainsi dire, du Fonds Monétaire International (FMI), qui on ne le dira jamais assez, a carrément jeté son dévolu sur une économie qui souffre le martyre.
Il y a quelques jours, on apprenait aussi que le gouvernement avait l’intention d’augmenter le prix dans les transports publics au 1 er juin 2021. Certes, les prix dans ce secteur n’ont pas augmenté depuis des années. Certes, le prix des pièces de rechange, pour ne citer que celles-ci et pour un matériel du reste largement vétuste quelquefois, a augmenté. Idem pour les carburants qui ont connu récemment, et du coup, ces derniers jours, deux augmentations successives.
Un plan de sauvetage
En outre, une autre nouvelle nous a été livrée, il y aussi quelques jours. Il s’agit de celle de l’augmentation du prix de l’eau. Une augmentation qui s’inscrit dans le cadre d’ « un plan de 5 ans qui a été mis en place pour sauver la SONEDE. Il s’agit, à ce titre, d’une hausse de 150 millimes pour le mètre cube ».
Le Tunisien, qui sort remplir chaque jour son couffin, se rend, par ailleurs, compte que la valse des étiquettes est toujours au rendez-vous. Viandes, fruits, légumes, semoule, farine, etc. Les prix croissent.
Une situation qui appelle au moins quatre remarques. La première est que cette augmentation n’est pas toujours le fruit des mécanismes du marché. Les économistes, nous apprennent, depuis des siècles, que ces mécanismes déterminent, par la loi de l’offre et de la demande, prix et quantités.
Tout le monde sait cependant que ce n’est pas toujours le cas. Et que quelquefois la main des spéculateurs passe par là. De plus, les augmentations sont le fruit d’une défaillance de l’Etat. Un Etat qui cumule d’une manière abusive les pertes en raison d’une mauvaise gouvernance et d’une réelle difficulté à recouvrer son dû. Les dettes du fait d’impayées de nombreuses structures, dont des ministères et jusqu’à la présidence de la République, nous apprenait notre confrère Tunisie Numérique, en octobre 2017, ne sont un secret pour personnes.
Les augmentations qui sont suivies par d’autres
Faut-il penser, à ce niveau, que ces entreprises, qui ne peuvent continuer à cumuler des dettes, font payer par les modestes citoyens qui s’acquittent honorablement de leur devoir les défaillances du service public? Certaines de ces dettes sont, dit-on, « carbonisées ». Comprenez: il y a quasi impossibilité de récupérer leur montant.
Seconde remarque: il ne faut pas avoir fait une grande école d’économie ou de finance pour savoir que les augmentations sont suivies par d’autres. Prenons le cas du lait: des augmentations sont attendues au niveau des laitages (fromage, petit lait, yaourt,…). Et d’évidence les carburants: la fabrication de près de 6000 produits se fait à partir du pétrole.
Troisième remarque: une autre conséquence de ces augmentations concerne la place qu’occupe la classe moyenne dans le tissu social. Celle-ci rétrécit, comme on le sait, comme une peau de chagrin. 17,6% de celle-ci sont allés rejoindre, depuis 2012, la catégorie des pauvres. Une classe moyenne, source de stabilité, de plus en plus largement endettée. On le regrettera un jour. Mais cela sera sans doute trop trad.
Quatrième et dernière remarque: ces augmentations interviennent alors que le pays subit les contrecoups d’une crise sanitaire sans précédent. Et que notre pays serait au premier rang des pays aux salaires les plus bas, dans le monde arabe.
Des réalités que nos gouvernants ne peuvent ignorer.