Au-delà du déficit de la balance commerciale qui est devenu structurel, l’analyse de la composition de ce trou par zone géographique est importante. C’est une sorte de guideline par rapport au choix stratégiques du pays.
La première remarque est que la balance est en notre faveur avec l’Union européenne (UE). En effet, sur les trois premiers mois de 2021, nos exportations atteignent 8 176 MTND contre des importations de 7 093 MTND.
Un excédent de la balance avec l’Union européenne
Avec la France, nous avons dégagé un solde positif de 1 166 MTND. Idem avec l’Allemagne avec un excédent de 413 MTND. Encore une fois, cela prouve que l’accord de libre échange tant critiqué, est le vrai poumon commercial de la Tunisie. L’UE a effectivement absorbé 73,2% de nos exportations depuis le début de l’année.
Par contre, avec les autres pays de l’Europe, le déficit est colossal: 1 754 MTND. Nous restons largement déficitaires avec la Turquie (601 MTND), la Russie (416 MTND) et l’Azerbaïdjan (289 MTND). Avec ces deux derniers, il s’agit clairement d’achats de matières agricoles.
Pour la Turquie, le déficit reste encore élevé et à ce rythme, il dépasserait les deux milliards de dinars d’ici la fin de l’année. Il faut reconnaître que les marchandises de ce pays sont très compétitives sur tous les plans; en offrant un meilleur rapport qualité-prix. Il faut donc changer d’approche et mettre en place une nouvelle stratégie. Comme par exemple la compensation de ce manque par de l’investissement.
La Libye marque son retour
Avec l’Afrique, nous sommes excédentaires de 608 MTND, grâce à la Libye. La reprise économique de ce pays nous a permis de réaliser des exportations de 515 MTND contre des importations de seulement 30 MTND.
La balance est également en notre faveur avec le Maroc, de 152 MTND. Les déficits les plus importants sont avec l’Algérie (218 MTND) et l’Egypte (130 MTND). Mais, la présence de la Tunisie en Afrique Subsaharienne reste faible. Nos exportations avec l’Afrique du Nord représentent 74% de celles vers l’ensemble du continent. Il y a donc de la marge pour progresser encore, mais nous devons avoir de la logistique. Et, surtout, de la demande sur les différents produits.
Avec les pays arabes, la balance affiche un solde négatif de 214 MTND, provenant essentiellement de l’Arabie Saoudite (178 MTND). Mais il ne s’agit pas du principal pays asiatique avec lequel on enregistre un déficit. Dans ce domaine, la palme d’or revient aux Chinois qui nous ont coûté en net 1 433 MTND. Ce qui représente 46,7% du déficit global.
Réduire la facture est possible
Ce que nous devons savoir, c’est que les biens de luxe et qui ne sont pas de première nécessité ne sont pas la cause de ce déficit. Contrairement à ce que certains pensent, les importations de la Turquie et de la Chine sont essentiellement des matières premières et des produits semi-finis. Une bonne partie de ces biens sont incorporés dans des produits qui seront par la suite exportés. C’est un problème profond de compétitivité locale. Et nous ne sommes pas les seuls à souffrir avec ces deux pays.
Enfin, le vrai mal est celui d’exportations. Nous n’envoyons pas assez de marchandises à l’étranger. Les marchés existent. Mais nous nous retrouvons de nouveau nous heurtant à ce problème de compétitivité; aussi bien en termes de prix que de qualité. Cela sans compter les insuffisances au niveau logistique. Lesquelles ne permettent pas aujourd’hui à nos entreprises d’acheminer leurs produits vers les marchés cibles.
Les choix à prendre sont donc clairs: investir dans les infrastructures portuaires; créer des liaisons aériennes avec les différents marchés cibles; renforcer et innover dans les programmes de mise à niveau; et trouver les moyens pour aider les entreprises à faire baisser leurs coûts de production. Des chantiers lourds, qui nécessitent un minimum de stabilité politique loin d’être acquise aujourd’hui.