Selon l’analyse du Forum Ibn Khaldoun pour le développement relative à la conjoncture économique au premier trimestre 2021, en Tunisie, la situation économique continue à porter la marque d’une quadruple crise que continue à vivre le pays.
Il s’agit d’une crise sanitaire pour le douzième mois consécutif. Mais aussi d’une crise politique exacerbée par les conflits d’attribution au niveau de la gouvernance politique du pays. A laquelle se greffe une crise économique qui s’aggrave, de mois en mois. Et ce, en raison des importants retards pris dans la mise en œuvre des grandes réformes prioritaires qu’imposent la résorption des distorsions et la libération des énergies latentes. A cela s’ajoute une crise sociale. Celle-ci est alimentée par la baisse du pouvoir d’achat et la montée du chômage.
Certes, les données quantitatives et qualitatives disponibles pour les trois premiers mois de 2021, révèlent un mieux au niveau de l’exportation de biens avec une relance encourageante. Et ce, sous l’effet de la reprise de la demande extérieure. De même qu’une augmentation des avoirs nets en devises de la BCT, ainsi qu’une légère détente de l’inflation.
Il n’en demeure pas moins que l’état des lieux est préoccupant. Il est marqué par une contraction du PIB et de l’investissement. Mais également un maintien des pressions sur le marché de l’emploi et sur les finances publiques. Ainsi que par une nouvelle dégradation de la cotation de la Tunisie par les agences internationales de rating. Hypothéquant toute possibilité de mobilisation de capitaux sur les marchés financiers internationaux à des conditions soutenables.
Libérer les énergies latentes
« En définitive, l’économie tunisienne vit des moments très difficiles. Elle est marquée par un rebondissement du chômage et de l’endettement ». C’est ce qu’observe le Forum Ibn Khaldoun pour le développement.
Et d’ajouter que la situation risque même de s’aggraver si le pays ne parvient pas, dans le cadre d’un dialogue national, à réunir un consensus viable sur les grandes réformes et les grandes restructurations et leur calendrier de réalisation. Et ce, afin de réinsuffler l’espoir d’une relance économique sur des bases durables et inclusives dans un proche avenir.
Pour le Forum Ibn Khaldoun pour le développement, la Tunisie n’a d’autres choix que de: corriger les distorsions; libérer les énergies latentes; restructurer en profondeur les finances publiques et les grandes entreprises d’Etat. Elle n’a d’autre alternative que de mettre l’accent sur la qualité de l’enseignement et de la santé. Et ce, concomitamment à l’approfondissement de ses relations avec les différents espaces économiques dans le monde.
Le Forum Ibn Khaldoun a tenu à souligner que les appréhensions sociales sont certes légitimes. Elles peuvent être, considérablement, réduites moyennant des programmes d’accompagnement. Sous forme notamment de mise en place de filets sociaux pour ceux qui perdent à court terme leur emploi. Ainsi que de renforcement des programmes de soutien en faveur des familles nécessiteuses.
« Alors que l’activation du partenariat public-privé pourrait réinsérer la Tunisie dans le radar des grands investisseurs tunisiens et étrangers. Elle pourrait ainsi renforcer l’efficacité des réformes engagées. Et ce, en offrant une nouvelle génération d’infrastructures et d’équipements collectifs ». Ainsi conclut le Forum Ibn Khaldoun dans son analyse de la conjoncture à fin mars 2021.