Les autorités ont-elles bien géré la crise née du confinement en pleine période de l’Aïd, une période qui assure de bonnes rentrées d’argent? La question mérite d’être posée. Voici quelques pistes pour mieux appréhender la situation eu égard à la décision du gouvernement.
S’il est un débat qui fait rage ces jours-ci dans notre pays, c’est bien celui de la grogne des commerçants au sujet du confinement décrété par le gouvernement. Des antennes régionales de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et de l’Union Tunisienne du Commerce de l’Industrie et du Commerce (UTICA) ont critiqué « les dispositions restrictives de fermeture et d’interdiction d’exercice qui ne concernent que les petites entreprises, alors que les grandes ont été exemptées ».
D’une manière plus générale, il faudra peut-être s’attarder sur le pourquoi de cette grogne. Qui n’est pas du reste bien particulière à cet épisode du confinement. De nombreuses fois de par le passé, des acteurs de la vie économique et sociale se sont rebellés contre des décisions des autorités.
Expliquer ce phénomène n’est pas facile. Et certains mettent tout cela sur le dos d’un Tunisien, qui en se libérant du joug de la dictature, a, pour ainsi dire, le mécontentement facile. Ou disent encore que la question a de quoi provoquer du mécontentement. Comment expliquer que l’on puisse permettre à certains de commercer et à d’autres pas?
Il faut le faire savoir
En fait, une des explications importantes réside dans la gestion faite par les autorités de ce confinement de plus. Intervenu du reste en pleine période de l’Aïd qui est, comme tout le monde le sait, une période qui assure de bonnes rentrées d’argent.
Deux éléments ne peuvent qu’attirer l’attention sur ce confinement qui a donné l’impression d’être un peu précipité. Le gouvernement a-t-il mis du retard à l’annoncer, alors que nombre de médias en parlait depuis de nombreux jours? Possible. En tout cas, il pourrait s’agir encore une fois d’une certaine lourdeur de la machine administrative au niveau des décisions.
Ainsi, le premier élément concerne la nécessité d’avoir au préalable évoqué ce confinement avec les intéressés. En les informant de la décision à prendre et en leur expliquant le pourquoi. Cela a-t-il été fait? Possible. Si c’est le cas, cela a été fait maladroitement. La preuve! Il ne suffit pas également de le faire. Il faut également le faire savoir.
Quoi qu’il en soit, à l’heure d’une démocratie, il est nécessaire de développer un courant d’échange sur les décisions. Fini de pratiquer ce qui pourrait ressembler au fait accompli. Et ce, quel que soit le niveau où on opère dans une démocratie. Et quelle que soit une décision à prendre à l’endroit d’une catégorie ou d’une autre.
Les procédés utilisés sont-ils efficaces?
Certes, l’autorité, qu’elle soit administrative ou politique, a l’obligation de s’assumer lorsqu’elle sait qu’il s’agit de veiller à l’intérêt de tous. Mais cela n’interdit pas le débat; même lorsque l’interlocuteur ne veut rien entendre. Le simple fait de communiquer fait disparaitre des arguments à l’interlocuteur.
En outre, le second élément est étroitement lié au premier. Les faits qui se sont déroulés ces derniers jours montrent sans doute qu’il n’y a pas eu assez de communication ou que celle-ci a été encore maladroite. On pourra dire que le gouvernement a tenu une conférence de presse et que des membres du gouvernement, Hichem Mechichi en tête, se sont prononcés dans les médias.
Mais est-ce suffisant? Encore: les procédés utilisés sont-ils efficaces? On sait que la communication est une science et que l’on ne peut s’improviser toujours communicateur. Autant dire qu’elle doit être confiée à des spécialistes qui connaissent les modus operandi. Des professionnels qui savent la réfléchir et la mener à bien. Au travers notamment des objectifs, des cibles, des messages, des plannings d’exécution et des supports. Et qu’un journaliste ne constitue pas toujours le meilleur vecteur de ces opérations. L’expérience montre que le journaliste et le communicateur ne font pas exactement le même métier.
A ce propos, il est toujours peut-être utile de rappeler que toute décision d’agir doit intégrer l’acte de communiquer. Un acte qui se doit d’être innovant et adapté à la circonstance. Se suffire, orbi et urbi, des traditionnelles conférences de presse, des apparitions dans les médias audiovisuels ou encore des rencontres avec les représentants des médias n’est pas de ce fait toujours le moyen le plus idoine. Elles constituent une sorte de sentiers battus qui ne permettent pas toujours d’arriver à bon port.