ONU Femmes se dit préoccupée par les niveaux alarmants des violences de genre à l’égard des Tunisiennes; et ce, depuis le début de la pandémie. C’est ce qui ressort du communiqué de l’organisation.
D’ailleurs, ONU Femmes appelle à la mise en application des lois protectrices. Objectif: lutter contre ces graves violations et l’impunité.
En effet, les violences à l’égard des femmes ne cessent d’augmenter, entraînant même le décès de certaines. Comme ce fut le cas récemment de Refka qui a succombé à ses blessures dans un hôpital. Après avoir semble-t-il reçu plusieurs balles tirées par son mari, le 9 mai.
L’histoire tragique de Refka n’est que la partie émergée de l’iceberg. Plus encore, selon les derniers chiffres de 2020, la violence à l’égard des femmes s’est multipliée par neuf. Et ce, en comparaison avec les années précédentes.
Ainsi, entre mars et juin 2020, la Ligne Verte (1899) a recensé 11361 appels, dont 87% pour signaler des violences physiques à l’égard des femmes. En outre, une récente enquête d’ONU Femmes souligne que plus d’un quart des femmes tunisiennes ne se sentaient pas en sécurité chez elles. Tandis que plus de la moitié des personnes interrogées, hommes et femmes, avaient été témoins ou connaissaient une femme qui avait subi des violences depuis le début de la pandémie.
Alors, pour lutter efficacement contre la violence à l’égard des femmes, il va falloir œuvrer pour changer les mentalités archaïques et conservatrices de la société. A commencer par appliquer fermement la loi contre les violences faites aux femmes. En somme, l’ONU recommande comme suit:
- Tout d’abord, assurer la mise en œuvre effective de la loi n° 58-2017. Et veiller à ce que les survivantes aient accès aux services de la police et de la Garde nationale. Et ce, pour déposer leurs plaintes et bénéficier des mesures de protection prévues par la loi, ainsi qu’un bon suivi de ces cas.
- Ensuite, appliquer l’article 25 de la loi n° 58-2017 criminalisant toute pression sur la victime en vue de l’amener à renoncer à ses droits, à modifier sa déposition ou à se rétracter.
- Envisager l’extension des horaires de travail des unités spécialisées dans les enquêtes sur les crimes de violence faites aux femmes. Et mettre en place des mécanismes de réception des plaintes à distance.
- Assurer l’accès rapide des survivantes et leurs enfants aux établissements de santé et les intégrer dans la riposte Covid-19.
- Assurer l’accès à la justice et aux ordonnances de protection conformant à la loi 58.
- Fournir un hébergement sûr et de la protection aux victimes et à leurs enfants, ainsi qu’un soutien psychologique.
- Garantir toute forme de protection aux enfants des victimes.
- Fournir une assistance sociale et économique aux survivants et favoriser leur accès aux pensions familiales.
- Activer l’Observatoire national pour la prévention de la violence à l’égard des femmes conformément à l’article 40 de la loi n° 58-2017.
- Organiser de nouvelles campagnes de sensibilisation du public contre la violence de genre et engager les hommes dans cette cause.
- Renforcer les capacités des services de l’ordre sur la loi 58 et augmenter le nombre des unités spéciales.
- Faire un bilan détaillé des violences faites aux femmes et des mesures à mettre en place au niveau national, régional et local.
- Renforcer les capacités des organisations de la société civile pour aider les victimes de violences.