Les avis sur l’interview du président de la République, Kaïs Saïed, sont partagés. Entre ceux qui estiment qu’il a répondu en toute sincérité et toute transparence concernant la réalité tunisienne. Alors que d’autres estiment qu’il n’aurait pas dû répondre aux questions internes relatives au pays; surtout depuis l’étranger. En somme, comme disait l’écrivain français François de La Rochefoucauld: « La confiance de plaire est souvent un moyen de déplaire infailliblement. »
Faouzi Charfi, le secrétaire général du parti Al Massar reproche à Kaïs Saïed, lors de son interview de n’avoir pas prononcé un discours positif. En mettant en valeur les acquis de la transition démocratique, malgré les conditions de crise que nous vivons.
Il précise dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « En aucun cas, il n’aurait dû parler de notre politique intérieure au grand jour. Surtout quand on est devant un média étranger, notamment un média français à forte audience. De plus, il y a eu une grosse erreur sur le plan de la forme. Car, un Chef d’Etat est tenu de prononcer un discours positif pour attirer les investisseurs dont on a besoin. Ce qui veut dire aussi qu’il faut rassurer les amis de la Tunisie sur les efforts que nous sommes en train de faire à l’extérieur. »
Faouzi Charfi: « La nécessité d’obtenir de façon urgente les vaccins »
Avant d’ajouter: « J’aurais aimé l’écouter sur la nécessité d’obtenir de façon urgente les vaccins; ainsi que l’importance de la vaccination, qui en l’occurrence, est un préalable à l’amélioration des conditions économiques. Et puis vous savez, tous les pays ont des problèmes internes, mais on ne voit guère un Chef d’Etat, quand il est à l’étranger, évoquer les problèmes internes de son pays. » Tout comme il aurait été souhaité qu’il agisse beaucoup plus « pour faire réussir le Sommet de la Francophonie au lieu de faire douter de nos capacités ».
Pour sa part, Bassel Torjeman, journaliste et analyste politique, estime que la classe politique ne manque en aucun cas une occasion d’attaquer le Chef de l’Etat.
Bassel Torjeman: « Kaïs Saïed tente d’établir une nouvelle approche sur le plan politique »
Il souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « Ce qu’a dit Kaïs Saïed de l’état des lieux de la situation en Tunisie n’est en aucun cas une question interne. Pour la simple raison qu’il ne s’agit pas d’une question interne. Faut-il rappeler que sur le plan des négociations, le gouvernement Mechichi a échoué. Et ce, après n’avoir pas respecté les engagements des réformes. Et puis tout le monde sait que les ambassades se trouvant sur le territoire tunisien ont connaissance de ce qui se passe dans notre pays. Cela fait plus d’un mois que les fonctionnaires des recettes des finances sont en grève. »
Et de poursuivre: « Cette classe politique n’aime pas que le Chef de l’Etat tente d’établir une nouvelle approche sur le plan politique. Et ce, en se basant sur la transparence et la crédibilité. D’ailleurs, le problème s’est accentué quand le Chef de l’Etat a refusé la prestation deu serment des cinq ministres soupçonnés de conflit d’intérêts et de corruption. »
Kerim Bouzouita: « Cela reste des slogans de campagne électorale »
De son côté, Kerim Bouzouita, anthropoloque, souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin qu’hormis le thème du Sommet de la Francophonie, les autres réponses étaient une série de slogans bien formulés. Mais que cela reste des slogans de campagne électorale.
Et de conclure: « On déduit que Kaïs Saïed n’a toujours pas fait sa transition entre le candidat Saïed de l’opposition établie en Tunisie et le président Saïed responsable devant le peuple. Et là, on atteint à la limite de l’Homme qui se comporte comme ce qu’il est. A savoir un professeur de droit, expliquant quelques notions de droit, mais dont la pensée politique et géopolitique est totalement creuse. »