Croissance en berne quand, de partout dans le monde, elle repart à la hausse. Chômage et inflation explosent, au mépris des lois de l’économie qui font qu’en général, ils évoluent en sens inverse. Leurs courbes n’ont d’égales que celles des contaminations et des décès par la Covid-19contaminations et des décès par la Covid-19, dont rien ne semble arrêter la propagation. Pas même l’opération de vaccination bien en peine, aussi tardive que poussive. Comment, dans ces conditions, se départir de ce sentiment d’angoisse et de trouble qui nourrit crainte et inquiétude ?
Décrochage industriel, déclin économique, découplage du pays désormais sous quasi-tutelle financière et rétrogradé au rang des pays pauvres très endettés. Il est affligé, même s’il s’en défend, de ce titre et de ce statut peur glorieux. Situation d’autant plus grave qu’elle semble traduire dans les faits le délitement et le dépérissement d’un Etat sans boussole et sans vrais repères. Qui n’arrête pas de se désagréger et de partir en vrille…
La IIème République, tant vantée, n’a tenu aucune de ses promesses, si tant est qu’elle en avait eues. La Ière ne fut pas exemple de reproches, dévoyée, malmenée au plus profond d’elle-même jusqu’à devenir une monarchie républicaine. Elle a quand même permis de faire émerger des limbes de l’histoire un Etat, bâtir un pays, forger une nation et cimenter son unité. La seconde, née d’une constitution post-révolution, dont on disait qu’elle était la meilleure du monde, se révèle informe, au contour politique erratique et indéfini. La IIème République semble plus virtuelle que réelle. Elle a ébranlé les fondements du pays et fragilisé la nation. Elle a, de surcroit, abimé les principaux ressorts de l’économie et n’a pas épargné le sentiment national qu’elle a largement affaibli.
« La IIème République, tant vantée, n’a tenu aucune de ses promesses, si tant est qu’elle en avait eues… »
Comble de toutes les menaces, elle a provoqué une sorte de balkanisation politique, un émiettement du pouvoir, bref, une libanisation du pays, connu pour son homogénéité éthique et culturelle comme nulle par autre pareille.
On espérait, on attendait de la IIème République qu’elle gomme les scories de la Ière, en instituant une vraie séparation des pouvoirs, à l’instar des grandes démocraties de ce monde. Au lieu de quoi, elle a poussé la séparation jusqu’au consacrer dans les faits une multitude de pouvoirs. Trois centres de décisions politiques, au sommet de l’Etat, en collusion permanente. Tout les oppose et les divise et rien ne semble les unir dans une direction et un effort communs. Pas même mes risques réels d’un tsunami social qui emporterait tout sur son passage. Trop de voix discordantes et de politique de la terre brulée ont fait perdre au pays la voix qui doit être la sienne pour dialoguer, discuter, négocier et convaincre créanciers, partenaires, alliés et concurrents.
« Trois centres de décisions politiques, au sommet de l’Etat, en collusion permanente. Tout les oppose et les divise et rien ne semble les unir dans une direction et un effort communs »
Résultats des courses : le gouvernement se noie dans l’océan des besoins et des revendications à force d’improvisation et d’incohérence. Le président du Parlement, jamais pris en défaut de cohérence, n’en démord pas à vouloir imposer son projet et son hégémonie, fut-ce en vouant aux gémonies le président de la République qui fait de la résistance. Et dont les rodomontades n’impressionnent plus personne. Il ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges, au motif de percer en vain les défenses des citadelles du Bardo et de la Kasbah. Personne n’ose ni peut aller jusqu’au bout de sa logique guerrière et aucun ne s’avise à conclure une paix des braves pour délivrer le pays d’un scénario catastrophe.
Cette situation de ni guerre ne paix a des effets désastreux sur le sentiment qui prévaut et sur le moral des acteurs économiques et sociaux, pris dans le tourbillon des querelles, des tiraillements et de l’instabilité politiques.
L’ennemie est que les trois illustres personnalités qui incarnent le pouvoir au sommet de l’Etat n’ont pas besoin d’ennemis pour voir s’écorcher leur image et leur crédibilité. Elles multiplient, chacune à sa manière, les bévues, jusqu’à commettre des fautes graves. En se dérobant de leur devoir d’exemplarité. Elles n’arrêtent pas de prendre des libertés avec les restrictions et règlements sanitaires qu’elles ont-elles- mêmes décrété ou ratifiés, donnant ainsi le sentiment de transgresser en premier les lois dont elles sont les dépositaires.
« Cette situation de ni guerre ne paix a des effets désastreux sur le sentiment qui prévaut et sur le moral des acteurs économiques et sociaux, pris dans le tourbillon des querelles, des tiraillements et de l’instabilité politiques »
Scandale des vaccins dérobés au mépris du protocole sanitaire, non respect du confinement général tout en menaçant de lourdes pénalités celles et ceux qui ont de sérieux motifs de ne pas s’y conformer, décisions contradictoires à l’emporte-pièce…
Trop de dépassements font penser -fut- ce à tort – à une forme d’indifférence et de mépris des gens qui ne se reconnaissent plus dans le pays légal. Du coup, le pouvoir bascule dans la rue. Désobéissance civile ? Pas si sûr. C’est l’affirmation à ne pas s’y méprendre d’une forme d’autonomie, de rejet de la classe politique qui fait quelque part écho au slogan présidentiel : le peuple veut. Dieu est où se bal maudit de légitimité nous conduira.
L’Etat paraît, certes, virtuel, gangréné qu’il est par sa déliquescence, mais la faillite économique et financière du pays est bien réelle. On sait déjà ce qui nous est réservé et ce que cela nous coûtera. Rien de moins que de la sueur, des larmes et du sang en perspective. Sans être définitivement assuré de voir d’ici peu la lumière du bout du tunnel.
Il faut vraiment sur nos alliés et amis de par le monde, tout comme les principaux bailleurs de fonds de la planète aient tellement peur pour ce pays qu’ils ont respecté et privilégié jusque-là, au point de nous venir en aide avant de nous voir déterrer la hache de guerre et revenir à de meilleurs sentiments entre nous-mêmes.
Pour autant, on ne voudrait pas être à la place des négociateurs tunisiens, aux prises avec les machines humaines du FMIFMI.
Comment pourraient-ils négocier si, en plus des difficultés d’usage, ils pourraient être perçus, en dépit de leur immense qualité, comme de simples passagers, des intermittent de la politique, privés qu’ils sont d’appui, de base arrière et d’union sacrée pour soutenir et renforcer leur argumentaire. Les trois présidents l’ignorent-ils ?