L’entretien entre le président de la République Kaïs Saïed, le chef du gouvernement Hichem Mechichi et le ministre de la Défense nationale, Brahim Barteji , aujourd’hui au palais de Carthage révèle un certain nombre de nouveaux éléments au niveau du discours de Kaïs Saïed et de sa relation avec le Chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Premier élément de réflexion, il s’agit de la première réunion entre le Chef du gouvernement et Kaïs Saïed depuis le mois de janvier. Faut-il encore rappeler que la relation entre les deux têtes de l’exécutif est tendue à cause du blocage du remaniement ministériel opéré par Hichem Mechichi. Ainsi, cette réunion pourrait annoncer la reprise du contact et de la coordination entre les deux chefs de l’exécutif.
D’ailleurs, le président a plaidé pour des institutions qui travaillent dans la complémentarité et la cohésion pour servir l’intérêt suprême de l’Etat. Et ce, malgré les points de vue différents.
Deuxième élément de réflexion est celui de la présence du ministre de la Défense nationale. Une présence qui vient rappeler que la défense nationale est l’une des prérogatives du président de la République. Ainsi, Kaïs Saïed rappelle qu’il est le Chef suprême des forces armées. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il rappelle cette vérité.
Le troisième et le dernier élément qui constitue une première depuis l’élection de Kaïs Saïed est l’utilisation du dialecte tunisien. Surtout qu’il a habitué les Tunisiens à l’utilisation de l’arabe soutenu, voire littéraire. Cet élément annoncerait un changement au niveau de la communication du Président. D’ailleurs, en présence de ces deux personnalités officielles, le Président a choisi de commenter le « document fuité ». Sur un ton ironique, Kaïs Saïed a indiqué qu’il faut chercher celui qui a envoyé cette correspondance et non pas celui qui l’a reçue.
De quel putsch parle-t-on ?
Il a balayé d’un revers de la main les propos qui portent sur un putsch constitutionnel. Le président explique que les coups d’Etat ne se basent jamais sur la Constitution surtout que la Constitution est l’opposé des coups d’Etat. Pour lui, exercer ses prérogatives n’a rien à voir avec un coup d’Etat.
L’entretien révèle, également, ce que pense le président de la République du travail de l’Assemblée des représentants du peuple. A vrai, dire il ne manque pas de la critiquer et de l’inciter à honorer son devoir. D’ailleurs, il faut rappeler que quand ’il était professeur de droit constitutionnel, il a toujours émis des réserves sur la représentativité et le concept même du parlement.
Interpeller l’ARP
Le président rappelle que l’ARP n’a pas encore levé l’immunité parlementaire de plusieurs députés impliqués dans des affaires de corruption. Pour cette raison, la justice doit assumer sa responsabilité. Sans vouloir citer son nom et celui de son bloc parlementaire, il a fait allusion à un député en fuite ( Rached Khiari). Ainsi, il rappelle que la Justice militaire peut intervenir. D’ailleurs, il déclare qu’il n’est pas question d’instrumentaliser les dossiers pour faire du chantage.
A la fin de son intervention, le président de la République a répété les fondamentaux de son discours :
– L’existence d’un seul Etat;
– Une seule diplomatie tunisienne;
– Chacun doit respecter ses prérogatives;
– Les affaires étrangères sont la prérogative du président de la République.
Il semble que le président de la République soit bel et bien prêt à répondre à toutes les attaques. Il semble, également, que l’affaire du « document fuité » n’ait pas réussi à le déstabiliser et à perturber son calme olympien.