Dans sa croisade contre la « confrérie des Frères musulmans » et les représentants de l’Islam politique, Abir Moussi s’est lancée dans la bataille sabre au clair. Mais « qui veut voyager loin ménage sa monture ».
Le combat de trop d’Abir Moussi? Le PDL organisait le week-end dernier un mouvement de protestation et un sit-in ouvert devant le palais du Bardo, siège de l’Assemblée des représentants du peuple. Et ce, afin d’ « appeler à la libération de l’ARP de la dictature des Frères musulmans, à la dissolution du Parlement; et à la démission de son président Rached Ghannouchi ». C’est ce qu’on pouvait lire sur les slogans brandis par les manifestants.
Remake du Bardo 2?
La présidente du parti destourien, Abir Moussi, espérait-elle rééditer le coup du sit-in du Bardo 2? Cette manifestation gigantesque ayant réuni près de 120 mille personnes le 6 août 2013. Et ce, en commémoration des six mois du décès de Chokri Belaïd. Ainsi que pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et du gouvernement de la troïka de triste renommée?
Les règles de la démocratie
Autre temps, autres mœurs. Car, cette fois-ci, le PDL qui constitue, à juste titre, la dernière digue contre la déferlante de l’Islam politique en Tunisie, revendique notamment le limogeage du chef historique du Mouvement Ennahdha. Soit.
Mais faut-il rappeler l’amère vérité. Rached Ghannouchi a été élu démocratiquement par ses pairs. Et pour le déloger du Perchoir, il faut réunir 109 voix en faveur d’une motion de censure et non par le recours à la rue. Telles sont les règles de la démocratie et personne n’a intérêt à y déroger. Y compris le parti destourien qui sera probablement appelé un jour à exercer le pouvoir.
Ambiance tendue
Et c’est sous un soleil de plomb qu’Abir Moussi, en tenue de combat, conduisait samedi dernier ses troupes de l’avenue du 20 Mars au Bardo vers le siège du Parlement. Parlement où elles étaient empêchées de s’approcher par les forces sécuritaires.
Ainsi, des accrochages ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre près du siège du Parlement. Après que les députés et les partisans du parti ont tenté de franchir la barrière de sécurité mises en place par les forces de l’ordre. Et c’est en voulant contourner le dispositif sécuritaire et enjamber la fontaine de la place du Bardo, qu’Abir Moussi est tombée par terre.
Devant le traitement sécuritaire jugé excessif, les députés du PDL qui étaient empêchés d’installer des tentes, ont décidé d’entrer en sit-in à la Place du Bardo, en dépit de la chaleur écrasante du dimanche dernier.
Défaillance physique d’Abir Moussi
Alors, dans ces conditions météorologiques extrêmes, la cheffe du PDL a perdu connaissance, assise sur une chaise pliante. Avant d’être secourue par la protection civile qui tentait de lui assurer les premiers soins. Mais elle refusait d’être transportée dans un hôpital. On saura par la suite qu’elle a été transférée plus tard dans une clinique privée. Et ce, pour y recevoir les soins nécessaires, après avoir subi un coup de soleil.
Le choc des images
Reste la question: le spectacle d’un dirigeant politique de premier plan- à qui personne ne conteste la persévérance et le courage- mais diminuée par une défaillance physique sous l’œil des caméras, ou se promenant en casque de motard au sein du Parlement. Ce spectacle sert-il sa stature de prétendante à la magistrature suprême? Rien n’est moins sur. Car un présidentiable n’a pas besoin de se susciter la compassion. Mais il doit, à contrario, montrer l’image d’un dirigeant fort et résolu. Un dirigeant qui soit capable de mener le pays à bon port.