Le numérique et l’innovation sont de grands atouts du monde de demain. D’où l’intérêt d’être à la pointe des nouvelles technologies. Chedli Hamza, Senior Sales Executive, est en charge des grands comptes en Tunisie, au sein de SAP North West Africa. Riche d’une expérience de 15 ans, il a collaboré avec les plus grandes firmes mondiales du numérique, dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen Orient, et dans différentes positions liées à la vente et au delivery. Il a occupé des postes de management. Chedli Hamza nous parle de SAP, de l’impact de la pandémie et d’autres questions dans une interview accordée à leconomistemaghrebin.com
– Quel est l’intérêt de SAP?
Chedli Hamza: SAP offre une suite complète de progiciels de gestion ciblant les grandes entreprises, pouvant être déployés sur leur infrastructure existante ou, pour celles qui cherchent un moyen de se moderniser,en migrant vers le cloud. Il en va de même pour les petites entreprises qui souhaitent mettre en œuvre un ERP cloud pour couvrir l’ensemble de leur chaîne de valeur, ou au contraire pour couvrir une fonction bien spécifique, bénéficiant ainsi de la modularité des solutions SAP. Aujourd’hui, le choix est vaste. Car il est important pour les entreprises d’évaluer avec précision leurs besoins et leur budget avant d’engager de tels projets, souvent à forte valeur transformative.
D’autant plus que cela fait plus de dix ans que SAP a mis en avant plusieurs leviers, dont celui de repenser l’expérience client de bout en bout.
Quelles sont les nouvelles technologies aujourd’hui dont dans la Tunisie a besoin?
Il faut savoir que la technologie sans utilité métier n’a aucun poids. Cela dit, si on veut se limiter aux nouvelles technologies dans le monde comme le machine learning, l’intelligence artificielle, ou encore la Blockchain, cela est très utile de définir clairement le Use case cible (par définition, en génie logiciel et en ingénierie des systèmes, il s’agit d’une manière d’utiliser un système qui a une valeur ou une utilité pour les acteurs impliqués). Aujourd’hui, la grande question est de savoir dans quelle mesure un tel projet est rentable.
Par ailleurs, la technologie n’est qu’un moyen pour y parvenir. Ainsi, il nous arrive parfois de combiner plusieurs technologies innovantes, s’appuyant sur des socles robustes pour les fonctions classiques de l’entreprise.
Prenons l’exemple du secteur de l’agriculture, avec les nouvelles technologies, l’opportunité se présente pour les agriculteurs d’être plus productifs, plus compétitifs en utilisant les IT (Information Technology ou technologie de l’information) au niveau des réseaux de distribution, de la gestion des fertilisants, des semences. Et avec l’utilisation de la « bonne » technologie, les agriculteurs peuvent mieux vendre leurs produits. Et ce, en prenant en compte les contraintes de notre pays. Il faut par exemple prendre en compte le fait qu’une partie de nos agriculteurs ne dispose pas d’un smartphone ou d’un accès à Internet. Pour commencer, il faut identifier les problématiques afin de trouver les solutions.
Peut-on parler des cas concrets?
Ce cas concret se développe dans certains pays de notre continent africain en garantissant un climat favorable d’investissement. Pour le cas de la Tunisie, les choses se compliquent. Et ce, en raison de l’absence de volonté. Alors que la solution réside dans l’engagement. Des initiatives avec le secteur privé ont commencé. Notons que le secteur privé fait beaucoup pour le pays malgré les difficultés, sans oublie que les moyens de ce secteur sont, par définition, limités comparés à ceux de l’état. D’où la nécessité d’un partenariat public-privé.
D’où l’urgence d’un PPP, selon vous?
Il faut dire que des initiatives de ce genre doivent être conduites par le secteur public. A mon sens, en Tunisie, il faut travailler sur la loi de passation des marchés. Car toutes les entreprises publiques ou encore toutes les administrations sont accablées par un process qui n’est pas du tout adapté à la nouvelle technologie. A l’instar des logiciels qui se vendent soit par une licence ou par une souscription pour des services cloud. En somme, la compagnie publique ne peut pas payer tant qu’elle ne voit pas la solution en temps réel. Or une licence correspond à un droit d’utilisation d’une propriété intellectuelle. Il est donc important pour l’administration publique, de bien appréhender la propriété intellectuelle qui n’est pas palpable.
Cependant, les compétences au sein des administrations tunisiennes ne manquent pas. La condition sine qua non à l’innovation est d’introduire de la souplesse, de la transparence allégeant toute situation qui accable les administrations, les empêchent d’innover.
Peut-on se projeter vers l’avenir et penser vers une Tunisie 2030?
Pour commencer, on a tous les ingrédients de la réussite car la compétence tunisienne ne se trouve nulle part ailleurs. Il y a des années de cela, j’étais en charge d’une entreprise au Middle East Africa et sans aucun nationalisme pour la Tunisie, je suis persuadé que la compétence tunisienne a du mérite. En effet, les Tunisiens ont de la volonté, de la compétence, de l’intelligence qui fait que l’ingénieur tunisien est tout de suite recruté car il est réputé pour son bon profil.
Quel est l’impact de la pandémie pour les startup?
Le monde a décidé de repartir, d’engager l’après COVID. Et si je prends l’exemple du secteur de l’IT, qui reste l’un des secteurs les plus épargnés par la pandémie, les occasions ne manquaient de toute façon pas mais se verront décuplées sur la période à venir. Pour nos startup, ce secteur est celui qui bannit le mieux les frontières physiques, et qui met au centre de l’échiquier la compétence, contrairement ç d’autres secteurs tels que celui du textile ou des services qui prendront eux plus de temps à repartir, car très touchés par la pandémie.
Mais au-delà des startup, la reprise économique annoncée est une chance à saisir pour notre économie, la crise ayant fait émerger de nouveaux avantages compétitifs pour notre pays. Si je reprends l’exemple du secteur du textile où la Chine s’est érigée en vainqueur incontesté sur les dernières années les entreprises européennes sont en train de repenser à relocaliser leurs productions vers d’autres pays de la Méditerranée vu leur proximité, leur souplesse et leur agilité. La Tunisie y a clairement une partition à jouer.
Ce qui fait que nous avons toute une opportunité à saisir et faire en sorte de ne pas la rater. Prenons l’exemple du Port de Radès, il se dit que sa restructuration représenterait à elle seule un à deux points de croissance du PIB. Autrement dit, il peut être plus compétitif et contribuer à en faire de même pour les acteurs économiques Tunisiens.
Les ingrédients d’une bonne reprise économique locale sont là, notamment la proximité avec l’Europe, l’abondance des compétences (encore faut la retenir) et la maîtrise de plusieurs langues. A nous de saisir cette opportunité et de prendre le bon wagon.