Cinq éléments peuvent être pris en compte pour mieux comprendre les législatives du 12 juin 2021. Elles peuvent favoriser une étape évidente sur la voie du renouveau de l’Algérie.
Tous ceux qui ont suivi les récentes élections législatives algériennes (12 juin 2021) et les ont commentées ont mis l’accent sur le faible taux de participation (23,3%). En mettant en évidence le boycott de cette échéance électorale par le mouvement du « Hirak ». Lequel manifeste, depuis février 2019, son refus de ce qu’il appelle l’ « establishment » et d’une partie de l’opposition. A savoir, les gouvernants depuis l’indépendance et le système qu’ils ont mis en place en Algérie.
Cependant, les résultats définitifs du scrutin en Algérie ne sont pas encore connus. Mais si les résultats préliminaires du vote, présentés le 15 juin 2021, et si cette abstention record venaient donc à être confirmés; force est de constater que cinq éléments doivent être pris en compte dans l’analyse de la situation.
L’essentiel est ailleurs
Tout d’abord, l’essentiel pour le président Abdelmajid Tebboune, élu démocratiquement en décembre 2019, est sans doute ailleurs. Comprenez pas dans le taux de participation. Pour lui, le plus important est que les premières législatives démocratiques aient eu lieu. Il s’agit du reste, pour lui-même et pour une grande partie des votants Algériens, de réussir une étape importante sur la voie du renouveau. Celui-ci s’inscrit d’évidence dans une longue liste de réformes accomplies : nouvelle constitution (adoptée par référendum); nouvelle loi électorale; et constitution d’une instance indépendante pour gérer les élections notamment.
Ensuite, les élections du 12 juin 2021 réussissent à changer le paysage parlementaire de l’Algérie. En effet, deux éléments sont, à ce niveau, essentiels à observer. A savoir, l’émergence des indépendants qui constituent à coup sûr la seconde force politique du pays (78 sièges) à l’Assemblée Populaire Nationale (APN). Ils expriment des sensibilités qui n’ont pas jusqu’ici vraiment eu droit de cité au sein du parlement algérien. Mais aussi, sans ressembler à un émiettement, le nouveau paysage parlementaire est varié. Et il donne la possibilité d’une représentation à l’essentiel des courants de pensée au débat dans le pays.
Un vote-refuge
Par ailleurs, le vote a été quelque part un vote-refuge. Le peuple algérien, qui est parti voter, préfère apporter son soutien à deux partis déjà bien ancrés dans le paysage politique. En refusant les voies d’un avenir inconnu que défendent certains avec des expériences qui peuvent mener le pays à des déchirements pour ne pas dire au chaos, du genre tout effacer et reconstruire. Ainsi, le Front de Libération National (FLN), parti pour ainsi dire historique et familier de l’exercice du pouvoir obtient 105 députés. Et son allié, le Rassemblement National Démocratique (RND), avec lequel il a fait un petit bout de chemin dans l’exercice des responsabilités au sein de l’appareil de l’Etat reçoit 57 sièges. A eux deux, ils ont donc 162 députés. Les Algériens, qui observent d’évidence le paysage du Printemps arabe, craignent-ils l’aventure observée ailleurs? Suivez mon regard.
Le jeu des alliances en Algérie
D’ailleurs, ces deux derniers obtiennent près de 40% des sièges. Ce qui en fait, pour ainsi dire, un noyau dur au sein du parlement. Mais cela ne leur permet peut-être pas de constituer à eux seuls une majorité stable: l’APN compte 407 sièges. Alors vont-ils s’allier aux Islamistes du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), qui a obtenu 64 sièges, et à El Bina qui a gagné 40 sièges. Les Islamistes font donc 101 députés, mais ne peuvent constituer non plus un gouvernement. Loin s’en faut! El Bina est une émanation du MSP. Ce qui veut dire que l’alliance ne peut pas, pour ainsi dire, durer longtemps.
En outre, il est plus que possible que ce paysage offrira à l’Algérie l’occasion de constituer un gouvernement regroupant plus d’un parti politique; sans compter une présence quasi évidente des indépendants. Le chef de l’Etat pourrait nommer, dans ce cas, une personnalité indépendante, mais compétente et respectée, à la tête de ce bâtit. Et lui demander de former un gouvernement s’appuyant sur large spectre politique.
De toute façon, l’Algérie, qui devra surmonter nombre de difficultés économiques, une des priorités du pays, pourrait emprunter cette voie que des observateurs estiment de salut.