Parler d’un référendum durant une crise sanitaire est-ce le bon moment? Cela fait des jours que certains politiciens appellent à un référendum en laissant les Tunisiens décider de quel système politique ils veulent?
D’ailleurs, on se demande si les Tunisiens sont assez matures pour choisir. Alors est-il possible de confier un référendum à un peuple qui fête, en pleine pandémie, une coupe sportive au détriment du non-respect des mesures sanitaires? Cependant qu’il faut interdire tout rassemblement et imposer le port du masque aussi bien dans les espaces publics que privés.
Or au vu de son immaturité, le peuple a-t-il connaissance de ce qu’est un référendum? Ne va-t-il pas confondre un référendum avec un QCM? Le constat est clair. On note une irresponsabilité collective, ce qui nous mènera une fois de plus au choix d’une minorité qui n’a nullement conscience des enjeux d’aujourd’hui.
En outre, il faut savoir pour qu’un référendum passe, qu’il est nécessaire de passer par l’ARP, selon l’article 144 de la Constitution. Que pensent les constitutionnalistes et analystes politiques? La grande question reste de savoir est ce qu’il y a une possibilité de le faire sur le plan constitutionnel
Ainsi Neji Baccouche, ancien Doyen de la faculté de Droit de Sfax, estime dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, que « sur le plan juridique et constitutionnel, c’est infaisable. Car juridiquement, c’est impossible et politiquement cela l’est encore plus. Il faut préparer un projet de loi qui devrait être débattu tout le long d’une année. Et il ne suffit pas d’appeler à un référendum. D’autant plus que la Cour constitutionnelle aurait dû voir le jour un an après les résultats des élections 2014. »
De son côté, Bassel Torjeman, analyste politique, revient sur la crise sanitaire et après dix ans d’échec de ce système politique, en soulignant que nous n’avons pas d’autres possibilités si ce n’est de le faire. Mais reste à savoir quelles sont les conditions à mettre en place.
Et de conclure: « Ce gouvernement a failli à faire face à une situation sanitaire. De plus, ce gouvernement ne respecte guère son peuple. Comment voulez-vous qu’un gouvernement impose deux poids deux mesures pour certains; alors que pour d’autres on leur coupe les vivres? La situation ne peut plus continuer ainsi… Je pense qu’il est légitime que les gens veulent du changement ».