Tout indique que l’agression physique perpétrée contre la présidente du Parti destourien, Abir Moussi, au sein même du Parlement par un ex-élu d’Al Karama, vise la femme tunisienne; bête noire de l’islam politique et ses sbires de basses manœuvres. Révoltant.
C’est tout un symbole. Une femme politique de premier plan, une élue, de surcroit présidente d’un parti politique, se fait agresser physiquement et verbalement en pleine séance plénière, à l’ARP. Au moment même où les parlementaires examinent un projet de loi protégeant les employées à domicile. Et en présence de la ministre de la Femme Imen Zahouani Houimel. Cette violence, dont la présidente du PDL Abir Moussi a été hier mercredi l’objet, vise en réalité toutes les femmes tunisiennes.
Ecran de fumée
L’agression d’Abir Moussi, un acte de violence isolé? Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un écran de fumée. Lequel est destiné à détourner les regards de deux dossiers très gênants pour le Mouvement Ennahdha.
D’abord, la douteuse convention entre le gouvernement tunisien et le fonds Qatari pour le développement. Le parti islamiste essayant de la faire passer en catimini. Ensuite, le rapport accablant de l’Inspection générale du ministère de la Justice sur l’ancien procureur général de la République, Bechir Akremi. Lequel aurait enterré pas moins de 6268 dossiers concernant des affaires terroristes.
Violence contre Abir Moussi et indifférence
Ainsi, sans crier gare et sans qu’i n’y a eu la moindre altercation avec la cheffe du bloc destourien, l’ex-député d’Al Karama Sahbi Smara se dirigea lentement vers elle, après avoir fait un bref passage chez le bloc d’Al Karama, pour lui pour lui asséner des coups d’une violence rare.
Sous l’œil de la caméra de la télévision, devant des millions de téléspectateurs ébahis, on entend les ricanements de hyène d’un certain Saifeddine Makhlouf. Lequel, comble de l’infamie, brandissait une liasse de billets de banque… Dans une basse allusion à un deal entre un maquereau et une prostituée. Une scène d’une laideur inouïe!
Un jour de deuil pour la République et une page noire qui s’ajoute au feuilleton de la violence au sein de notre vénérable Parlement.
Par « solidarité féminine », Samira Chaouachi, la vice-présidente de la séance plénière, s’est contentée de suspendre la séance « pour trois minutes ». Avant de plonger le nez dans son portable, dans une indifférence totale. Tout cela sous l’œil implacable de la caméra qui diffuse cette scène surréaliste au monde entier.
Indignation
« Ce qui s’est passé, aujourd’hui, au Parlement est scandaleux et honteux, et cela ne devrait pas rester impuni. J’exprime toute ma solidarité avec la députée Abir Moussi ». Ainsi réagissait la députée du Courant démocrate, Samia Abbou, dans un statut publié sur sa page Facebook.
Pour sa part, l’écrivaine Olfa Youssef a également commenté l’agression à l’encontre de Abir Moussi. « Dans un pays où un député agresse sa collègue sous le silence des présents, il ne faut pas s’étonner que des femmes soient violemment maltraitées, voire assassinées, avec la complicité de fonctionnaire », s’est-elle indignée sur sa page FB.
Quant au président de l’ARP Rached Ghannouchi, il a dénoncé l’acte de violence perpétré par le député Smara contre la députée Moussi. Estimant que c’est un « acte décevant ». Tout en affirmant « le rejet de toute violence à l’égard de la femme tunisienne ». Classique.
« Un acte décevant » pour qualifier une agression physique caractérisée contre une élue de la Nation au sein même de l’hémicycle? Des propos qui s’apparentent à la connivence avec l’agresseur sous la couche d’une fausse empathie.