Mais quelle mouche a-t-elle piqué les dirigeants nahdhaouis pour qu’ils osent revendiquer la somme stratosphérique de 3000 millions de dinars au titre des indemnisations des « victimes de la dictature » ? Un populisme de quatre sous qu’ils risquent de payer très cher.
C’est désormais le jeu classique de la partition musicale bien huilée que les islamistes d’Ennahdha affectionnent. A savoir que l’un, tel un pyromane, allume un incendie de forêt; tandis que son acolyte se précipite pour l’éteindre. Cette fois-ci, il est question des indemnisations.
Contre-vérités
Ainsi, le porte-parole du mouvement Ennahdha, Fathi Ayadi, niait que son parti avait réclamé le versement de 3000 millions de dinars au titre des indemnisations, dans le cadre de la justice transitionnelle. Indiquant à ceux qui veulent bien l’entendre que « le seul et unique souci du mouvement Ennahdha est la consolidation des efforts fournis par l’Etat pour endiguer la pandémie ».
« Abdelkrim El Harouni n’a pas réclamé le versement de cette somme aux victimes. Par contre, il a fait appel à l’Etat pour activer le Fonds Al Karama et sa promulgation dans le Journal Officiel sans que l’Etat ne soit tenu d’y participer ». C’est ce qu’il avait le culot de déclarer, sans rougir, hier lundi 12 juillet 2021, sur les ondes de la radio Express Fm.
Mais, M. Ayadi, spécialiste attitré de la désinformation au sein du parti islamiste, ne peut nier que le dirigeant nahdhaoui et ancien ministre des Transports, Abdelkarim Al Harouni, a bien prononcé un discours le 1er juillet 2021; et ce, lors d’une manifestation à la place de la Kasbah. Il y exigeait l’activation du Fonds Al Karama au titre de dédommagement pour les « exactions subies sous la dictature ». Et ce, avant la date butoir du 25 juillet 2021, la fête de la République.
Infamie
Opportunisme, vils calculs politiques, absence totale de patriotisme… Les mots sont faibles pour qualifier la démarche de ceux qui revendiquent la somme vertigineuse de 3000 millions de dinars; en fixant un ultimatum de deux semaines. Alors que les caisses de l’Etat sont vides, que l’économie nationale est en loques, que nos concitoyens meurent par centaines faute d’oxygène et que la fière Tunisie de Bourguiba est contrainte à la mendicité pour vacciner son peuple.
Et pourtant, comble de l’infamie, des dirigeants d’Ennahdha et pas des moindres, ont osé demander au gouvernement de débourser cette somme astronomique au moment où la Tunisie suffoque au sens propre du mot. N’ont-ils pas peur d’une réaction populaire dévastatrice dont le peuple tunisien a le secret?
Calculs politiques
La vérité glaçante c’est que les dirigeants nahdhaouis sont bien conscients que leur audience auprès même de leurs sympathisants s’effrite et se réduit comme une peau de chagrin.
Or, pour regagner la confiance de leurs partisans, à base de deal pécuniaire, ils leur font miroiter la carotte des indemnisations pour sauver ce qui reste des meubles. Et l’intérêt de l’Etat dans tout cela? C’est le dernier de leurs soucis.
Mais quelle urgence y a-t-il pour que Montplaisir prenne une initiative si impopulaire? Quitte à ternir éternellement son image localement et à l’international?
Tout porte à croire que les islamistes se préparent à d’éventuelles élections anticipées où ils risquent de laisser des plumes. Or, l’argent est le nerf de la guerre.
« Un acte égoïste, lamentable et opportuniste, utilisant la souffrance des victimes pour plus d’enrichissement et de populisme ». Ainsi, résumait le mouvement Echaab, via un communiqué, des revendications d’indemnisation du parti Ennahdha, à travers le Fonds de la Dignité mis en place dans le cadre de la justice transitionnelle.