Quel message a transmis la délégation américaine au président de la République Kaïs Saïed? Rappelons que celle-ci est composée du premier adjoint du conseiller pour la sécurité nationale et l’assistant du secrétaire d’Etat pour le Proche-Orient… Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon, en Inde et en Corée, apporte son éclairage sur cette visite de grande portée.
Elyes Kasri souligne qu’ au- delà du ton diplomatique d’usage, cela révèle un début d’impatience de l’administration américaine à l’égard des décisions prises et de la cadence des mesures attendues nationalement et internationalement pour faire face au danger imminent qui a motivé le recours à l’article 80 de la Constitution ainsi que l’annonce et la mise en oeuvre de la feuille de route en vue du rétablissement du fonctionnement normal des institutions.
Quel message a transmis la délégation américaine au président de la République Kaïs Saïed? Rappelons que celle-ci est composée du premier adjoint du conseiller pour la sécurité nationale et l’assistant du secrétaire d’Etat pour le Proche-Orient… Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon, en Inde et en Corée, apporte son éclairage sur cette visite de grande portée.Mettre en place une stratégie de communication aux Etats-Unis
En outre, il précise que, selon le compte rendu fait par la Maison Blanche, il y a trois passages à retenir principalement (extraits du communiqué officiel américain).
1-Urging a swift return to the path of Tunisia’s parliamentary democracy.
2-The urgent need to appoint a prime minister designate who would form a capable government able to address the immediate economic and health crises facing Tunisia.
3-Empowering a new government to stabilize the economy will also create space for an inclusive dialogue about proposed constitutional and electoral reforms in response to the widely expressed demands of many Tunisians for improved living standards as well as honest, effective, and transparent governance.
Ce qui laisse sous-entendre que le message américain reprend les principaux arguments d’Ennahdha de retour à la démocratie parlementaire (donc le refus d’un régime présidentiel) et de dialogue national inclusif.
En outre, l’ancien diplomate souligne: » Certains patriotes chatouilleux diraient que les Tunisiens (allusion au président Kais Saied, bien que cet amalgame nécessiterait une plus ample clarification) peuvent et doivent faire ce qu’ils veulent en toute souveraineté et qu’une puissance qui vient d’être défaite et a annoncé son retrait d’Afghanistan ne peut dicter les choix de la Tunisie, la voix de la raison dicterait de rappeler qu’au-delà du hard power militaire qui en fait la première armée du monde, les Etats-Unis disposent d’une influence considérable au sein des institutions financières internationales et sur l’Europe, surtout avec le rétablissement des ponts et la relance du partenariat stratégique annoncés par le président Joe Biden. »
Mettre en place une stratégie de communication aux Etats-Unis
Avant d’ajouter : « En tant qu’ancien diplomate à Washington et responsable des relations et de la coopération tuniso-américaines, je me permets, par pur patriotisme et sans prétendre à quoi que ce soit, de soumettre des éléments préliminaires d’une stratégie de communication aux Etats-Unis et accessoirement en Europe pour expliquer et défendre les choix faits par le président Kais Saied. »
Ainsi il précise: « A l’instar des diplomates de ma génération, je me considère comme un soldat sans uniforme qui a eu l’honneur de servir la patrie sur plusieurs fronts derrière les lignes de l’ennemi non pas dans des conflits armés, mais dans une lutte pour gagner les esprits et les coeurs au profit des priorités et intérêts nationaux. Mon vif espoir est que ces propositions fassent l’objet d’une discussion approfondie et d’une mise en oeuvre rapide et que les diplomates tunisiens qui en seront chargés (à la centrale et à l’étranger) seront traités avec autant de respect que les membres de nos forces armées car le moral et l’honneur sont des facteurs essentiels pour toute abnégation, motivation et sens du sacrifice. »
En outre, Elyes Kasri met l’accent sur l’importance des éléments de stratégie d’action et de communication aux USA.
D’après lui, la mise en place d’une cellule de préparation (traduction et rédaction) de documents et position papers est plus que nécessaire par rapport à la portée des décisions présidentielles et leurs échos en Tunisie et dans la région.
Tout comme il appelle l’ ambassade à Washington à mobiliser les consuls honoraires, les amis dans la société civile (associations et personnalités amies), les universités, chambres de commerce et think tanks à travers les Etats-Unis, en particulier dans la capitale américaine et les Etats de New York, Pennsylvanie, Géorgie, Floride, Californie, Texas et l’Illinois.
Plus encore, il recommande de:
-Sensibiliser d’une manière particulière les amis de la Tunisie au Congrès et les inviter à adresser une lettre au Président Biden pour lui demander de soutenir le processus d’ajustement de la transition démocratique en Tunisie.
-Coordonner avec les réseaux hostiles aux frères musulmans (proches de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis) aux Etats-Unis.
Par la même occasion, l’ancien ambassadeur souligne l’importance à ce que le ministre tunisien des Affaires étrangères effectue une visite de travail à Washington. Et ce, pour s’entretenir avec les responsables des départements d’Etat et du Trésor ainsi que du conseil de sécurité nationale.
-Oeuvrer à la programmation d’une visite officielle du président Kaïs Saïed à Washington.
-Encourager des associations et des centres d’études tunisiens à mettre en place des réseaux de contact et des relais aux USA pour disséminer des articles et analyses de nature à contrer la propagande islamiste visant la Tunisie.
-Encourager les Tunisiens installés aux Etats-Unis à adresser des lettres à leurs congressmen à l’échelle locale et fédérale ainsi qu’à la presse locale pour donner une description véridique des événements en Tunisie.