Le communiqué du Groupe des ambassadeurs du G7 en Tunisie est tombé comme un éclair. C’est ainsi qu’il recommande fortement « le retour rapide à un cadre constitutionnel dans lequel un Parlement élu joue un rôle significatif ». Comment un tel communiqué est perçu par la classe politique? Plus encore peut-on parler d’une ingérence?
Sahbi Ben Fraj, analyste politique souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « Je tiens à préciser que le communiqué des G7 n’est aucunement un appel au retour à la situation d’avant 25 juillet. Mais il reflète plutôt un différent avec l’international sur le futur entre la scène politico-tunisienne et la gouvernance du post 25 juillet ».
Et de poursuivre: « A mon avis, il faudrait analyser le communiqué du G7 en se basant sur le fond. Ce qu’a annoncé le G7 ce sont des recommandations à peine voilées concernant la politique intérieure du pays. Ce qui est très préjudiciable à l’image de la Tunisie. A mon sens, il s’agit d’une ingérence manifeste dans les affaires internes du pays. Ce qui nous conduit à une mauvaise position vis-à-vis de l’international ».
Sahbi Ben Fraj: « Nommer un gouvernement c’est l’ABC en politique »
Avant d’ajouter: « Cela dit, j’insiste à dire que cette ingérence aurait pu être épargnée si le Chef de l’Etat avait nommé un premier ministre ou un chef du gouvernement une semaine après le 25 juillet. J’ajouterais également que si nous nous retrouvons dans cette situation, cela revient en partie à la mauvaise gouvernance de la classe politique. Sans oublier le volet économique qui en pâtit, un pays consommateur plus que producteur et qui se trouve à la merci des institutions financières internationales. »
Et de préciser: « En d’autres termes, nous ne pouvons que nous plaindre nous mêmes. Et puis réellement ce qui a été demandé sur le contenu ce sont des recommandations à notre portée. Car nommer un gouvernement, c’est l’ABC politique. En somme, on aurait pu former ce gouvernement. Et on aurait dû encourager un dialogue national entre les les organismes nationaux. Et ce, afin de trouver des solutions via un maximum de consensus autour d’un projet politique. »
Adnene Belhaj Amor: « C’est une ingérence qualifiée »
Quant à Adnene Belhaj Amor, analyste politique, il livre son point de vue en partant du constat qu’il y a deux aspects. Un aspect négatif, selon lui, « dans la mesure où des diplomates en poste chez nous se permettent un précédent jamais enregistré dans notre pays depuis l’indépendance ». Il précise à cet effet: « C’est une ingérence qualifiée; disons le clairement et sans jouer sur les mots. »