Unique en son genre, proposant une vision innovatrice, Paris Fashion Mart est le plus grand centre européen dédié au secteur de la fast fashion. D’ailleurs, son emplacement géographique participe, également, à son attractivité, à savoir 10 minutes de Roissy-Charles-de-Gaulle. Afin de braquer la lumière sur les spécificités du projet en question, le groupe immobilier portugais Alves Ribeiro, qui est en train de mener les travaux de ce projet, a pris l’initiative de tenir une conférence de presse, hier 7 octobre, à Tunis. L’objectif étant de le présenter aux professionnels du secteur en Tunisie. Zoom sur un projet innovateur.
De ce fait, le groupe immobilier portugais Alves Ribeiro a placé la barre très haut et s’emploie à la réalisation de son objectif. Outre son aspect commercial et sa volonté d’attirer les professionnels et leur ouvrir les portes de la concurrence et de la compétitivité, Paris Fashion Mart évolue dans une perspective éco-responsable et dans le cadre du respect de l’environnement et des règles d’hygiène. Ainsi, il respecte bel et bien les règles de la Responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE).
En exposant dans ce centre, les professionnels du secteur, notamment tunisiens, pourront valoriser leurs produits et avoir la possibilité de concurrencer les professionnels de l’autre rive du bassin méditerranéen. Le projet se donne les moyens de ses ambitions. Et comment ! : 400 showrooms, un salon virtuel pour la veille économique et des fashion-weeks. Tous les indices montrent que les professionnels des deux rives auront affaire à un portail sur le marché européen de la fast fashion, d’où l’importance pour les entreprises tunisiennes de saisir cette opportunité.
Viser le local et l’international
Fier et confiant à la fois, Joaquim Chaves, le vice-président du Groupe Alves Ribeiro, a pris soin de présenter son groupe, devant un auditoire composé de journalistes et de professionnels. En effet, l’histoire du groupe ne date pas d’hier. Il s’agit d’un groupe familial presque centenaire. D’ailleurs, son histoire et ses faits d’armes lui permettent de réaliser des projets comme Paris Fashion Mart. Trois frères mènent les activités du groupe qui cible trois activités, à savoir le secteur financier, l’immobilier et la construction. Notons, dans le même sillage, que l’activité initiale du groupe était l’immobilier. Et ce, avant de se diriger vers deux autres secteurs. A cela s’ajoute le fait que le groupe dispose de sa propre banque.
D’ailleurs, à titre d’exemple, le groupe a fait ses preuves en réalisant le premier centre de shopping urbain au centre de Lisbonne. Vu l’extension des activités du groupe familial, il n’a pas manqué de mettre en place des filiales dans d’autres pays comme la France, l’Angola et le Brésil. Revenant sur Paris Fashion Mart, l’intervenant affirme sans conteste que le projet figure parmi les plus grands projets réalisés par le groupe. Continuant dans le même sillage, il fait savoir que le groupe a pu terminer la première phase du Paris Fashion Mart. Cette phase consiste en la construction d’un centre de commerce destiné aux grossistes. Situé à Villepinte (28 kilomètres de Paris), le projet s’étend sur une superficie de 10 hectares. Pour réaliser le projet, un budget de 150 millions d’euros a été mobilisé. Par ailleurs, Alves Ribeiro a enchaîné avec la deuxième phase. Il s’agit d’une phase focalisée sur le marché international. Un terrain de 15 hectares abritera cette deuxième phase.
Quand les chiffres plaident pour la réussite du projet
On dit souvent que les chiffres sont têtus. Rien qu’à examiner les chiffres relatifs aux projets pour s’en rendre compte. Prenant la parole, Jean-François Limantour, spécialiste en stratégie de développement, notamment pour le textile-habillement et le luxe, affirme lors de son intervention que le projet s’adresse à 500 millions de consommateurs dont le pouvoir d’achat atteint 300 milliards d’euros. Géré par la filiale du groupe Alves Ribeiro, AR France Invest, le projet est d’une valeur de 250 millions d’euros et s’étale sur une superficie de 220 000 m².
Paris Fashion Mart, ou la nécessité de favoriser l’économie durable
L’expert soutient que Paris Fashion Mart donnera un nouveau souffle et impulsera le business Euromed dans les secteurs habillement et chaussure. D’ailleurs, il définit le projet comme un pôle d’excellence de la mode.
Alors que le marché asiatique est connu pour les bas salaires et les prix dérisoires des matières premières, le marché euro-méditerranéen commence à gagner du terrain. Dans ce sillage, l’intervenant plaide pour une économie durable en rupture avec la pollution générée par la fast fashion. C’est la raison pour laquelle Paris Fashion Mart prévoit de privilégier les circuits courts, voire ultra-courts.
Est-ce la rupture avec le marché asiatique ?
Jean-François Limantour ne manque pas de critiquer le modèle asiatique. Il estime que l’expérience a montré que les commandes fabriquées en Asie sont une source de pollution. Pis encore, elles cumulent les invendus dont le sort est souvent la destruction. Pour cette raison, l’intervenant souligne la nécessité absolue de surpasser le modèle en question. Le problème ne se limite pas uniquement aux quantités abondantes. Le coût du transport de la marchandise des pays asiatiques vers l’Europe a explosé. A cela s’ajoute que le transport maritime génère une empreinte carbone considérable. De ce fait, ce problème ne se pose pas avec les fournisseurs méditerranéens, notamment avec le marché tunisien (deux heures d’avion).
En conclusion, il rappelle que la fast fashion mobilise les entreprises de textile tunisiennes où le travail se déroule dans le cadre du respect des conventions sectorielles signées avec les syndicats et où les conditions d’hygiène et de travail sont bel et bien respectées contrairement aux pays asiatiques comme le Bengladesh.
Du potentiel des entreprises tunisiennes
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, en marge de la conférence, Jean-François Limantour affirme que la Covid-19 a accéléré une évolution nette vers des produits éco-responsables « et ceci dans ce que nous appelons le circuit court et ultra-court, ça veut dire que les consommateurs veulent avoir de plus en plus une satisfaction rapide à leurs demandes et veulent avoir des produits qui correspondent à leurs attentes. Ils ne veulent plus aller dans les grandes boutiques pour trouver des montagnes de produits fabriqués en Asie et qui ne correspondent pas à ce qu’ils cherchent », explique-t-il.
Pour lui, les nouveaux consommateurs sont très influencés par les réseaux sociaux, notamment par les signaux envoyés par les influenceurs et les influenceuses. « Les nouveaux consommateurs veulent des réponses à ces signaux-là ». Il considère que « cette tendance qui s’accélère par la Covid-19 sera durable ».
Le spécialiste indique que le marché européen reste un marché difficile et atone, « mais ce que permet la relance pour un pays comme la Tunisie c’est le fait qu’il y a le transfert de produit qui était, jusqu’à présent, réalisé en Asie vers les fournisseurs de proximité : le Maroc, la Turquie et la Tunisie qui ont là une carte très importante à jouer. Ce n’est pas un effet de mode. C’est quelque chose de durable qui correspond au besoin du marché pour aller vers le circuit court et ultra-court ».
Pour lui, « les grandes commandes avec des centaines de milliers de chemisiers et/ou de jupes qui terminent souvent invendus ou à la poubelle, c’est fini ». Pour cette raison, il considère qu’il faut des entreprises agiles, flexibles et réactives pour fabriquer des petites séries. « Les entreprises tunisiennes sont capables de le faire », lance-t-il.
Tant d’atouts pour les entreprises tunisiennes
Revenant sur le marché tunisien, il rappelle que la Tunisie a plusieurs atouts avec l’installation de plusieurs entreprises françaises en Tunisie et la proximité géographique ; à cela s’ajoutent les coûts des salaires et l’énergie qui sont abordables.
Il estime qu’il existe une certaine fraternité et communauté d’intérêt entre le marché européen, les producteurs tunisiens et les donneurs d’ordre européens. Il a plaidé pour une stratégie gagnant-gagnant.
Tout en reconnaissant que la majorité des exportations tunisiennes s’adressent principalement à deux marchés européens, mais « il existe plusieurs marchés européens sur lesquels la Tunisie est très peu présente, il y a des gisements de business et des potentialités de croissance qui sont tout à fait considérables. Il faut qu’on s’organise peut-être avec le Cepex. Peut-être maintenant, j’espère pour vous que les conditions politiques se stabilisent et qu’il y aura un environnement propice au développement de cette industrie clé pour les équilibres socioéconomiques de la Tunisie ».