En choisissant quatre conseillers, des compétences incontestables, parmi ses plus proches collaborateurs, Najla Bouden constitue in facto un « mini-gouvernement ». Et ce, pour aborder les chantiers herculéens qui l’attendent.
Derrière la frêle silhouette de la nouvelle Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, se cache des nerfs solides. Et une volonté de fer et une capacité d’organisation hors pair.
Feuille de route de Najla Bouden
Elle annonçait déjà la couleur lors de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement, le 11 octobre en cours. Et ce, en déclarant que l’objectif de son équipe de 24 ministres et un secrétaire d’Etat, dont neuf femmes, est « de restaurer la confiance et l’espoir. Et d’assurer la sécurité économique et sanitaire du citoyen ».
Ainsi, elle soulignait qu’elle œuvrerait à redonner espoir au citoyen « dans un avenir meilleur ». Tout en adoptant « la compétence et l’expérience comme bases pour atteindre ces objectifs. Ainsi que pour atteindre l’efficacité des institutions publiques ».
De même, l’universitaire indiquait que son programme comprend: « L’accélération et la redynamisation de la roue économique; l’ouverture du champ d’initiative; l’amélioration des conditions de vie des citoyens et leur pouvoir d’achat à travers des services de qualité ».
Or, s’il s’avère que le choix des personnes à la tête des ministères régaliens revient au président de la République; il n’en demeure pas moins qu’elle a son mot à dire concernant les portefeuilles « techniques ». On murmure qu’elle suggérait et obtenait la nomination de Samir Saied à la tête du méga ministère stratégique de l’Economie et de la Planification. Lequel couvre également l’Investissement et le Développement régional. Au demeurant, un choix heureux, vu les qualités intrinsèques de ce Centralien à l’impressionnant CV.
Profils adéquats
En outre, Mme Bouden qui façonne son parcours par petites touches, vient de choisir, le 26 octobre 2021, quatre nouveaux conseillers de qualité, dont trois femmes. Elle dévoile à l’occasion ses chantiers pour l’étape à venir. Notamment l’agriculture, les transports, l’Enseignement supérieur et l’énergie verte.
A savoir que le profil des nouveaux conseillers correspond parfaitement aux priorités du Gouvernement Bouden.
Ainsi, Akisa Bahri aura la lourde tache de gérer le problème récurrent du stress hydraulique. Cette ingénieure agronome, docteur en génie agricole, est l’ancienne ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime dans le gouvernement Mechichi.
Pour sa part, Sarra Rejeb, supervisera les transports terrestres, maritimes et aériens. Avec notamment les dossiers brûlants du port de Radès et le transporteur aérien Tunisair. Elle est ingénieure diplômée de l’École nationale des ponts et chaussées à Paris1, ancienne PDG de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) et de la Compagnie aérienne nationale, Tunisair. Avant d’être nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre du Transport de 2017 à 2018, dans le gouvernement de Youssef Chahed.
Quant à l’universitaire Samia Charfi Kaddour, elles semble la plus qualifiée pour se pencher sur le dossier de la recherche scientifique, parent pauvre de l’Enseignement secondaire en Tunisie. Elle est directrice du Laboratoire de physique de la matière condensée à l’université al-Manar, ancienne directrice générale de la Valorisation de la recherche au ministère de l’Enseignement supérieur.
Enfin, Hatem Gafsi est l’ancien représentant de la fondation allemande Konrad Adenauer. Expert auprès de compagnies pétrolières, spécialiste en matière d’énergie et d’énergies renouvelables, il se penchera sur les énergies vertes.
Facteur commun : l’anti Ennahdha
Notons donc que les trois nouvelles conseillères pourraient avoir tous les défauts du monde sauf d’être pro-islamistes.
Alors que dans le premier gouvernement Mechichi, Akissa Bahri fut contrainte d’accepter un chef de cabinet aux ordres d’Ennahdha. Sarra Berjeb, chargée de mission au ministère du Transport dans le premier gouvernement de Mechichi, fut brutalement limogée par le ministre d’Etat de l’époque, Anouar Maarouf. Quant à Samira Charfi, elle est la fille de son père, le grand Mohamed Charfi, l’intellectuel de gauche ayant marqué le ministre de l’Education nationale par son empreinte progressiste.
Toutefois, il semble que la cheffe du gouvernement ait mis la charrue avant les bœufs. En effet, n’était-il pas plus opportun de désigner un ou une directrice de cabinet, clé de voute de l’équipe gouvernementale? Avant de nommer ses conseillers parmi ses plus proches collaborateurs; alors que le pays regorge de compétences dans tous les domaines ?