En 2020, la dette extérieure de la Tunisie a représenté 97,2% du PIB. Soit le taux le plus élevé en Afrique du Nord. C’est ce qui ressort des estimations de la 4ème édition du rapport « Perspectives économiques en Afrique du Nord 2021 / La dynamique de la dette : la voie vers la reprise Post-COVID ». Il est publié par la Banque Africaine de Développement (BAD).
Présenté lors d’un webinaire tenu, mercredi, ce rapport souligne que la Tunisie reste plus vulnérable aux chocs exogènes que les autres pays d’Afrique du Nord. Et ce, en raison de sa forte dépendance à l’égard de la dette extérieure. Laquelle a augmenté de 42,4 points entre 2012 et 2020.
S’agissant de la dette publique, la banque prévient qu’elle deviendra « insoutenable » si la Tunisie n’engage pas des réformes solides et crédibles bénéficiant d’un large soutien interne.
La dette publique brute pourrait atteindre près de 100% du PIB
En l’absence d’un cadre crédible de réformes, la dette publique brute devrait atteindre près de 100 % du PIB sur le moyen terme, estime encore la même source. Et d’ajouter que les risques liés à la viabilité de la dette sont aggravés par les risques de financement, la surévaluation du taux de change effectif réel et les passifs contingents (passifs de l’Etat qui deviennent exigibles) et garanties des entreprises publiques.
Selon le même rapport, en 2020, les besoins bruts de financement public resteraient dans une fourchette élevée de 14 à 18% du PIB sur une base annuelle. Ajoutant également que la dette publique, dont 70% est externe, a dépassé, en 2020, 80% du PIB. En poursuivant la tendance haussière rapide amorcée en 2011.
Les coûts du service de la dette absorbent 28% du budget. Ce qui limite les autres dépenses en faveur du développement, indique encore la même source.
Et les entreprises publiques!
Pour ce qui est des entreprises publiques, leurs difficultés financières constituent une autre préoccupation, déplore l’institution financière africaine. En faisant remarquer que leur dette représentait 13% du PIB, en 2019.
D’après la BAD, ces entreprises bénéficient « d’importantes garanties non encore apurées ». Elles représentent des risques budgétaires et financiers importants. Tout en ajoutant que 30% d’entre elles font apparaître un stock de dettes de près de 40% du PIB. Et dont 20% reviennent aux banques et aux fournisseurs. Le reste concerne les caisses de sécurité sociale, les autres entreprises publiques et le gouvernement.
« A la mi-2020, ces entreprises publiques ont bénéficié de garanties publiques estimées à 15% du PIB . Si l’on ajoute la dette des entreprises d’État à celle de l’administration centrale, la dette publique totale serait nettement supérieure à 100% du PIB », observe la même source.
Pour améliorer la gestion de la dette publique et renforcer la mobilisation des ressources intérieures, Audrey Verdier-Chouchane, économiste régionale pour l’Afrique du Nord, a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des mécanismes ainsi que des institutions qui permettent de trouver le juste équilibre entre les avantages et les coûts d’une dette supplémentaire.
Elle appelle également à une meilleure transparence de la dette et à un suivi minutieux des passifs éventuels. Mettant l’accent sur la nécessité de restructurer les entreprises d’État et d’utiliser efficacement la dette pour financer des investissements productifs.
Avec TAP